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tous les temps, depuis le mois de juin jusqu’en octobre. L’hiver, on a la piscine et les salles de bains, qui ont été installées dans les anciens hangars de l’établissement. Enfin, la proximité des salines du Croisic pourrait permettre au besoin d’en utiliser les eaux mères.

L’Œuvre des hôpitaux marins ne donne plus, comme je l’ai dit, qu’un appui moral à l’hôpital de Pen-Bron, qui s’administre avec ses propres ressources ; mais elle a pris à sa charge un autre sanatorium dont la fondation remonte à la même époque et qui lui a été cédé dans les conditions suivantes.

Parmi les personnes que l’ardeur communicative de M. Armaingaud avait converties à ses idées, se trouvait son compatriote et ami, M. Lafargue, préfet des Pyrénées-Orientales. Celui-ci forma le projet de doter son département d’un sanatorium maritime, et tous deux entreprirent, au mois d’octobre 1886, un voyage d’exploration, afin de choisir l’emplacement le plus convenable pour l’édifier. Leur choix s’arrêta sur Banyuls-sur-Mer.

Il ne s’agissait plus que d’obtenir l’assentiment du conseil général du département et de trouver les fonds nécessaires. Le premier point n’offrait pas de difficulté sérieuse. Le préfet comptait sur la bonté de sa cause, sur son ascendant et sur la puissance de séduction de M. Armaingaud, qui s’empressa de venir à Perpignan exposer, dans une de ces conférences dont il a l’habitude, le but et l’utilité de la création projetée. Le public fut entraîné, le conseil d’hygiène et de salubrité émit un avis favorable, et le conseil général vota le projet.

Il approuva en même temps la combinaison financière imaginée par le préfet pour en rendre l’accomplissement possible. M. Lafargue, en fouillant dans les différens chapitres de son budget départemental, avait trouvé le moyen d’en extraire une vingtaine de mille francs d’économie, lesquels, joints aux trente mille que la commune de Banyuls avait votés sur ses instances, suffisaient et au-delà pour amortir un emprunt de 200,000 francs qu’il s’agissait de contracter, afin de bâtir un hôpital de 140 lits. A peine la création en fut-elle décidée, que les fonds affluèrent. Un grand manufacturier de Perpignan, M. Bardou-Job, s’engagea à bâtir, à ses frais, un des pavillons inscrits au projet pour une somme de 45,000 francs, en même temps qu’il en donnait 18,000, pour l’entretien de trente enfans, pendant la première année. Un négociant roussillonnais, M. Simon Violet de Thuir, en prit dix à sa charge ; d’autres souscripteurs les imitèrent, et le sanatorium put s’élever. Commencé en 1887, il était terminé au printemps de 1888.

À cette époque, l’Œuvre des hôpitaux marins était en voie de se constituer, et M. Lafargue eut la bonne pensée de lui confier la