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rapidement, puis on les envoie faire leur récréation et prendre leur goûter sous les arbres de la forêt. Il n’a pas été possible jusqu’ici de leur faire prendre plus d’un bain par jour. Le second déterminait chez eux, même à l’époque des plus grandes chaleurs, une surexcitation qui n’était pas sans danger.

Lorsqu’on expédiera à Giens des malades moins avancés, lorsque la piscine qui figure dans le plan du sanatorium sera construite, il sera possible de se montrer plus hardi et de joindre à l’action du bain celle des pulvérisations et des douches. Toutefois, le docteur Vidal compte moins sur la balnéation que sur la vie au grand air, dans l’atmosphère vivifiante du littoral méditerranéen que les petits enfans respirent tout le jour, à l’ombre des pins-parasols sous lesquels ils prennent leurs récréations et où se font leurs classes.

A Giens, le traitement médical se réduit à bien peu de chose. « En trois années, m’écrit le docteur Vidal, je n’ai pas dépensé pour 20 francs de médicamens. » Il avait cependant affaire aux complications les plus graves de la scrofule. On avait choisi, dans les hôpitaux de Lyon, les enfans les plus compromis, et, sur 90 qui lui ont été adressés, il n’en a perdu que 2. A l’encontre du docteur Gazin, qui fait, à Berck-sur-Mer, une chirurgie des plus actives, le docteur Vidal s’est abstenu systématiquement de toute intervention opératoire. Il voulait savoir à quoi s’en tenir sur la valeur des bains de mer et de l’air marin dans le traitement de la scrofule, et il fallait pour cela en observer les effets en dehors de toute autre influence. Le résultat a dépassé ses espérances. Non-seulement l’état général de ses petits malades s’est rapidement amélioré, mais il a vu les manifestations locales les plus sérieuses s’amender et marcher vers la guérison, alors qu’elles n’avaient fait qu’empirer pendant le long séjour que ces enfans avaient fait auparavant dans les hôpitaux de Lyon. Ce contraste entre les résultats que donne le séjour prolongé dans l’air impur des salles de malades et ceux qu’on obtient par la vie au grand air, sur la plage, se constate dans tous les hôpitaux marins, et ce fait, aujourd’hui bien reconnu, est appelé à amener un jour toute une révolution dans la pratique nosocomiale, ainsi que je l’exposerai plus loin. Il est inutile de dire qu’on joint aux bains de mer et d’air pur toutes les ressources d’une excellente hygiène, c’est-à-dire une nourriture fortifiante, des distractions, des exercices, lorsqu’ils sont compatibles avec l’état des petits malades, et le long sommeil indispensable à des organismes qui se développent et qui sont en voie de réparation.


VI

L’œuvre des hôpitaux marins a fait, comme on le voit, un chemin rapide. En laissant de côté les petits établissemens dont la