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révolution, prévue depuis longtemps déjà comme la conséquence fatale des agissemens scandaleux de la bande de politiciens qui occupait le pouvoir, a fini par éclater, et la guerre civile a ensanglanté pendant quelques jours les rues de Buenos-Ayres. Aucun principe politique n’était engagé dans l’affaire ; la question est restée exclusivement économique et financière. Il fallait que la population se débarrassât, par quelque moyen que ce fût, d’hommes qui s’obstinaient, en ne donnant satisfaction qu’à leurs intérêts particuliers, à préparer la ruine de la masse des commerçans et des travailleurs, et à condamner la république à une banqueroute totale à bref délai.

Tout se réduisait si bien à cette question d’honnêteté que le président, vainqueur de l’insurrection, n’en a pas moins dû le lendemain donner sa démission et céder la place au vice-président, M. Pellegrini. Cette solution a eu pour résultat une chute assez brusque de l’agio sur l’or et une reprise du cours de la rente fédérale 5 pour 100. La période aiguë de la crise est passée, mais la guérison sera très longue. Pour quelques emprunts des provinces, elle ne pourra s’obtenir sans que les créanciers consentent à des sacrifices substantiels.

La Banque de France est restée à 4,160, la situation monétaire étant toute différente en France de celle qui a justifié à Londres l’élévation du taux de l’escompte à 5 pour 100. Le Crédit foncier reprend lentement sa marche vers les cours plus élevés où il était coté avant la crise, aujourd’hui dénouée, que la démission d’un sous-gouverneur avait provoquée sans causes sérieuses. La Banque de Paris s’est relevée de 10 francs à 808.75. Le Crédit algérien, établissement de crédit aussi prospère que modeste, a été porté de 590 à 615, le Comptoir d’escompte ancien s’est avancé de 167.50 à 190 ; la Société générale qui, depuis le krach, s’était toujours tenue au-dessous du pair, a revu dans cette quinzaine le cours de 500 francs.

L’épargne continue à rechercher les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer, y compris celles d’Algérie. Le Bône-Guelma est à 720 et l’Est algérien a été porté de 720 à 747.50. L’action de l’Est a gagné 20 francs à 890, celle de Lyon 17.50 à 1,450, celle du Nord 8.75 à 1,823.75, celle de l’Ouest, 15 francs à 1,025. Tous ces titres sont désormais considérés et capitalisés comme de véritables obligations.

Les valeurs industrielles ont été complètement négligées. La spéculation internationale a poussé de nouveau les cours de la Banque ottomane, de 580 à 591.25, de la Lænderbank d’Autriche, de 510 à 522.50, du Crédit foncier autrichien de 1,035 à 1,065, et des Chemins lombards, de 308.75 à 325.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.