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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.

C’est le moment où la politique sommeille, où les parlemens se taisent, où le monde des affaires lui-même est à demi dispersé. Ce n’est pas, suivant le vieux mot, que le diable y perde rien, que dans cette vie moderne telle qu’elle est faite on cesse de s’agiter, d’intriguer, de poursuivre à travers tout les manèges intéressés. Rien n’est interrompu, c’est possible. Il y a du moins par intervalles, à cette saison d’été, une heure où, soit fatigue, soit habitude, on sent le besoin de se donner ne fût-ce que l’apparence du repos, de chercher l’air des champs ou de la mer, de secouer pour un instant les obsessions de la veille.

On n’est plus à tout ce qui se fait au Palais-Bourbon et au Luxembourg, aux crises ministérielles et aux confusions parlementaires, aux prétendues réformes sociales qui ne réforment rien, et aux expériences financières qui ne remettent pas l’équilibre dans le budget. C’est le moment où tout se réduit à la modeste session des conseils-généraux, qui est déjà finie, à des inaugurations de monumens ou de chemins de fer, à des fêtes locales, à des discours de circonstance, et, si l’on veut, à des polémiques oiseuses qui ne servent qu’à occuper le temps. C’est surtout la saison des voyages officiels. M. le président de la république, qui était l’autre mois dans l’Hérault, vient d’aller à la Rochelle, où il était bien sûr de trouver l’accueil empressé et cordial d’une population paisible, charmée de voir le premier personnage de l’Etat. M. le ministre des affaires étrangères, entre deux négociations, va