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Si tous les maîtres, y compris ceux de sciences, de grammaire et de littérature, reçoivent une forte instruction philosophique, l’enseignement secondaire pourra être renouvelé. Avant tout, que les programmes de littérature et d’histoire, comme ceux de sciences, soient rédigés dans un esprit plus philosophique ; qu’ils comprennent même des questions de philosophie, d’esthétique, de morale et de science sociale choisies parmi celles que le professeur de littérature, d’histoire ou de sciences devra être apte à traiter. Le professeur de mathématiques enseignera dans les classes supérieures, au début de son cours, les généralités sur « la logique, la méthode, l’analyse et la synthèse, » les « règles de la méthode déductive : définitions, axiomes, démonstrations, » et l’application de ces règles aux sciences exactes. Le professeur de physique enseignera en quelques leçons, avec des exemples historiques à l’appui, « les règles de la méthode inductive : observation, expérimentation, induction, analogie, hypothèse. » Le professeur d’histoire naturelle s’occupera des « règles de la classification » et des grandes lois biologiques. Le professeur d’histoire enseignera les « règles de la critique historique. » Le professeur de rhétorique enseignera les principes généraux de la littérature et de l’art.

Dans la classe de philosophie proprement dite, le maître, délivré des questions moins importantes et déjà étudiées, enseignera la psychologie, les grands principes et les dernières conclusions de la morale, de la science sociale, économique et politique, de la philosophie des sciences et de la cosmologie, enfin de la métaphysique. Ce cours devra être obligatoire pour tous les élèves, pour ceux qui se destinent aux carrières scientifiques, à la médecine, aux écoles de l’État, à la grande industrie et au grand commerce, non moins que pour ceux qui se destinent aux lettres, à la magistrature et au professorat. La dissertation en français sur un sujet de philosophie devra donc être exigée de tous les bacheliers.

Le prétendu cours de philosophie inscrit aujourd’hui, en guise d’accessoire, aux programmes du baccalauréat mathématique, n’est qu’un maigre cours de logique suivi d’une morale d’écoles primaires. Le tout tiendrait en une dizaine de pages, que l’élève apprendra par cœur, sans conviction, en vue d’une épreuve purement orale sans caractère sérieux. La philosophie, dans l’enseignement,