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prétend point du tout à remplacer la Géographie universelle de M. Elisée Reclus, qui la résumerait plutôt, si d’ailleurs la disposition n’en était quelque peu différente, et, pour ainsi parler, historique plutôt que descriptive. C’est par l’Asie, en effet, que M. de Varigny commence, — Asie mahométane, Asie anglaise, Asie russe, Asie bouddhiste, — et, dès le début, c’est comme s’il disait qu’il se montrera plus curieux de l’homme que du sol, de l’histoire que de l’altitude des chaînes de montagnes, et de la religion, au besoin, que de la ligne de partage des eaux. Appliquée d’une main moins prudente, par un esprit moins sage ou moins précis, cette méthode pouvait avoir de grands inconvéniens. Si nous disons qu’il nous semble que M. de Varigny les a fort habilement évités, nos lecteurs, qui le connaissent et qui l’apprécient depuis déjà si longtemps, n’en seront pas étonnés.

Nous pouvons maintenant rapprocher l’un de l’autre deux atlas qui ne se nuisent pas, qui se complètent : l’Atlas historique et géographique[1] de M. Vidal-Lablache, et l’Atlas de la géographie moderne[2], de MM. Schrader, Anthoine et Prudent. A la vérité, nous ne pouvons encore juger du premier que sur sa première livraison, mais elle peut suffire, et nous ne l’aurions pas sous les yeux que ce serait assez du nom de M. Vidal-Lablache. Les études géographiques lui doivent déjà beaucoup en France, où l’on peut dire que depuis longues années, d’autres ont fait plus de bruit, mais nul n’a aidé davantage à en constituer l’organisation scientifique. Si nous n’ajoutons pas qu’elles lui rendront en autorité ce qu’il leur a donné de temps, de peine, et de dévoûment, c’est que nous aurions l’air de croire que la chose n’est pas déjà faite. Pour l’atlas de MM. Schrader, Anthoine et Prudent, qu’en pourrions-nous dire de mieux que de rappeler les services que nous lui devons déjà, depuis un mois seulement qu’il a paru ? Beaucoup plus clair, et surtout plus facile à manier que les atlas allemands, illustré de nombreuses notices, dont il y en a quelques-unes qui sont des chefs-d’œuvre de brièveté, d’exactitude, et de précision, il n’a eu qu’à se montrer pour prendre la place des Kiepert et des Stieler, dont Dieu nous garde de médire ! mais qu’enfin nous sommes bien aises de pouvoir consulter moins souvent. Nous l’avons d’ailleurs signalé dans le temps même de son apparition. Et aujourd’hui comme alors, notre unique regret est de n’en pouvoir parler plus longuement.

Nous rattacherons à la géographie la Garonne, de M. Louis Barron[3], quoique en réalité, comme nous l’avons dit il y a deux ans, et l’année dernière encore, en parlant de la Seine, et de la Loire, du même auteur, l’histoire y tienne presque autant de place que la description des

  1. 1 vol. in-folio ; Armand Colin.
  2. 1 vol. in-folio ; Librairie Hachette.
  3. 1 vol. in-8o ; Laurens.