Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/624

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA SOCIETE
DANS
LES PRISONS DE PARIS
PENDANT LA TERREUR


I

Au temps du mauvais papier et de la grande épouvante[1], lorsque la Convention mettait les lois hors la loi, se décimait elle-même, créant une partie des obstacles dont elle devait triompher si durement, accomplissant aveuglément son œuvre, lorsque nos armées, gardiennes de la tradition et du véritable héroïsme, héritières du génie libéral de 1789, préservaient dans un élan sublime l’honneur, agrandissaient le patrimoine de la France ; lorsque, chacun se sentant au pied de l’échafaud, la vie était devenue un art et la pitié un crime, un homme d’esprit, interrogé sur ce qu’il pensait, répondit avec une douloureuse ironie : « Ce que je pense ! J’ose à peine me taire ! » Alors, en effet, l’esprit est suspect, le silence lui-même une protestation, la noblesse, les gens riches se cachent, émigrent, se battent en Vendée ou à Lyon ; l’Académie

  1. Journal des Prisons de mon père, par la duchesse de Duras, 1 vol. ; Plon. — Dauban : les Prisons de Paris pendant la Révolution. — La Démagogie en 1793. — Paris en 1794 et 1795, 3 vol. in-8o ; Plon. — Barrière : Bibliothèque des Mémoires, t. XXXIV. — Nougaret : Histoire des Prisons de Paris, 4 vol. — Mémoires de Beugnot, de Mme Elliott. — De Lescure : l’Amour pendant la Terreur. — Foignet : Mémoires d’un prisonnier. — Vicomte de Ségur : Ma Prison, an III. — Edmond Biré : la Légende des Girondins. — Chantelauze : Louis XVII, son enfance, sa prison et sa mort au Temple. — Mémoires du duc de Montpensier. Paris, Baudouin, 1824.