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le mur nord de l’Acropole ; dans l’intervalle, entre le mur extérieur et le soubassement du temple, on accumula pêle-mêle les débris des édifices et des statues détruits par les Perses. Au cours des dernières fouilles, M. Cavvadias a mis au jour ce prodigieux soubassement dont Ross, en 1836, et M. Ziller, en 1864, avaient déjà, par des sondages, constaté l’existence. Il est formé d’assises régulières, en pierre calcaire du Pirée, et, à l’angle sud-est du temple, il atteint une profondeur de douze à quinze mètres. Qu’on imagine le Parthénon d’Ictinos, vu du côté sud, se dressant, comme une statue sur sa base, sur cet énorme piédestal : tel est le spectacle unique dont ont pu jouir ceux qui ont assisté aux fouilles avant que les travaux terminés eussent rendu à cette partie de l’Acropole son aspect habituel.

Le Parthénon de Cimon ne fut jamais achevé. Les luttes politiques, l’exil, enfin la mort, l’empêchèrent de mener son œuvre à bonne fin. Les colonnes de marbre préparées pour le futur édifice servirent à construire le mur nord de la citadelle ; le temple décoré par Phidias s’éleva sur la terrasse si laborieusement créée par le prédécesseur de Périclès. Il a fallu plus de vingt siècles pour que le nom de Cimon fût enfin associé à celui du Parthénon.


III

Les fouilles d’Athènes ne renouvellent pas seulement l’histoire monumentale de l’Acropole ; elles nous révèlent, avec une singulière précision, l’histoire de la sculpture attique avant les guerres médiques. Si l’on compare la riche série des marbres exhumés depuis cinq ans aux trop rares monumens qui nous renseignaient seuls sur l’ancienne sculpture athénienne, on peut dire, sans exagérer, que les découvertes de la Société archéologique ont été une révélation. Les sculptures de l’Acropole sont déjà bien connues du public savant ; elles ont été reproduites en partie dans un recueil intitulé les Musées d’Athènes, d’après des photographies de M. Rhomaïdès[1]. Fort heureusement, l’Exposition universelle de 1889 leur a donné une publicité plus étendue. La commission de la section grecque a eu l’heureuse idée d’exposer de très belles

  1. Les Musées d’Athènes, en reproduction phototypique de Rhomaïdès frères. — Les Fouilles de l’Acropole, texte descriptif de P. Cavvadias et Th. Sophoulis. Athènes, Karl Wilberg, 1886-87. — Il n’a paru que deux livraisons de cet ouvrage dont la publication est suspendue. L’idée de donner de bonnes reproductions des marbres des musées d’Athènes est cependant excellente, et bien faite pour tenter un éditeur entreprenant.