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LES PROGRES
DE LA
SCIENCE ECONOMIQUE
DEPUIS ADAM SMITH

À entendre certains publicistes, les doctrines économiques de l’école d’Adam Smith n’existeraient plus ; elles auraient été répudiées par presque tous les économistes modernes, qui auraient remplacé par des vérités solides les erreurs propagées par le savant écossais et ses partisans. Quand on parcourt ensuite les ouvrages de ces détracteurs des doctrines de « l’école classique, » on est tout étonné d’y trouver presque toujours les mêmes propositions, peu ou point modifiées. Si ces savans s’étaient bornés à dire aux économistes : nous n’attaquons pas votre science, elle est le produit de l’expérience ; mais la science pure ne suffit pas, elle reste volontiers dans les régions supérieures et la société n’en est pas affectée ; ce qu’il nous faut, c’est l’application, la pratique ; or votre pratique n’est pas la bonne, nous allons vous en proposer une meilleure, — s’ils avaient tenu ce langage, il y aurait eu possibilité de s’entendre. Le terrain de la discussion aurait été circonscrit et les débats auraient porté sur les véritables difficultés. Celles-ci auraient ainsi été plus facilement résolues… quand elles sont solubles. Au lieu de procéder de cette façon, c’est la science elle-même qu’on attaqua, la discussion porta à côté de la question, et les phrases remplacèrent les argumens. Ce n’est cependant