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membres décédés ; que tous sans distinction seraient remplacés dans le même délai et que, de plus, la notification de la mort d’un académicien, quel que fût au dehors le degré de popularité attaché à son nom, serait, en signe de deuil, immédiatement suivi de la levée de la séance. C’est ainsi que les choses se passent aujourd’hui et qu’il est régulièrement satisfait à de pieuses convenances aussi bien qu’aux lois essentielles de la confraternité académique.

La mort de Cherubini demeure par sa date le dernier événement considérable dans l’histoire de l’Académie, sous la monarchie de juillet. Durant les cinq années qui s’écoulèrent encore avant la chute de ce gouvernement, aucune difficulté extérieure ne se produisit, aucune question ne fut soulevée qui tendît à modifier l’exercice des droits consacrés de l’Académie ou qui interrompît le cours ordinaire de ses travaux. Tout se borna dans le sein de la compagnie aux délibérations sur les affaires courantes et à l’accomplissement des devoirs imposés par le retour périodique des expositions et des concours. Le nombre de ceux-ci d’ailleurs et, par conséquent, le nombre des jugemens à rendre chaque année n’avaient pas laissé de s’accroître, en raison de certaines fondations destinées soit, comme le prix Bordin, à récompenser l’auteur du meilleur mémoire sur un sujet choisi par l’Académie, soit comme le prix Maillé-la-Tour-Landry et le prix Deschaumes, à secourir des artistes particulièrement dignes d’intérêt. Le premier exemple de libéralités de cette sorte avait été donné en 1817 par un modeste bienfaiteur, M. Alhumbert, qui, dans des termes un peu vagues, s’était proposé, en instituant un prix, a d’encourager les perfectionnemens des arts. » Malheureusement, la modicité de la somme léguée à cette époque n’avait pas permis d’en employer utilement les revenus. Ce ne fut que beaucoup plus tard, — à cinquante ans environ d’intervalle, — que, par l’accumulation des intérêts produits, l’Académie se trouva en mesure de réaliser les généreuses intentions du donateur, tandis que d’autres legs ou d’autres donations venaient augmenter les ressources matérielles mises à la disposition de l’Académie pour stimuler les progrès des jeunes artistes ou pour récompenser leurs talens.


HENRI DELABORDE.