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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/317

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LE
NOUVEAU SILVER-BILL
AUX ETATS-UNIS

Il n’est pas en économie politique de problème qui touche à plus d’intérêts et qui, en même temps, soit moins compris et plus débattu que la question monétaire. C’est le cas de dire : Res nostra agitur. Tous, tant que nous sommes, depuis le chef de l’état jusqu’au manœuvre à la campagne ou l’ouvrier dans l’usine, nous recevons nos revenus en numéraire et c’est en numéraire aussi que nous payons tout ce que nous achetons. Si la valeur de la monnaie, c’est-à-dire sa puissance d’acquisition, augmente, avec la même quantité d’unités monétaires je pourrai me procurer plus d’objets, et avec le même revenu je serai donc plus riche. Si, au contraire, le pouvoir d’achat de la monnaie diminue, tout devenant plus cher, je ne pourrai plus obtenir autant de choses utiles. Une baisse générale des prix est désavantageuse pour les vendeurs et avantageuse pour les acheteurs; désavantageuse aussi pour les débiteurs et avantageuse pour les créanciers; car pour acquitter une même dette, il faudra livrer l’équivalent de plus de travail ou de plus de denrées. Tel propriétaire rural doit par an 20 francs de contribution foncière à l’état et 20 francs à un créancier hypothécaire : si le froment vaut 20 francs les 100 kilogrammes, il s’acquittera de ses deux obligations moyennant 200 kilogrammes de froment, tandis qu’il devrait en livrer 400, si le prix du blé tombait à 10 francs.

La découverte de l’Amérique, ayant amené en Europe un afflux considérable d’or et d’argent, alors que notre continent n’en possédait plus qu’une quantité très réduite, il en résulta, à partir du