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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 105.djvu/230

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 avril.

Depuis qu’on est entré dans cette voie, où se manifeste un si visible travail des opinions, où, bon gré mal gré, les partis s’essaient à se transformer, à chercher des combinaisons nouvelles, il y a eu et il y a encore bien des paroles inutiles ; il y a bien des discours, bien des commentaires, bien des explications qui ne changent rien, qui ne sont que des banalités de polémiques, de réunions publiques ou de banquets.

On a profité des vacances parlementaires, — de ces vacances qui viennent de finir, — pour aller disserter en province, un peu sur tout : sur la droite constitutionnelle, sur les déclarations de M. le cardinal Lavigerie, sur la politique républicaine, — en attendant d’avoir à se mesurer avec les questions bien autrement pressantes que soulèvent, et la manifestation socialiste de ce jour même du 1er mai, et la réforme de notre régime douanier qui entre en discussion au Palais-Bourbon. M. le président Floquet est allé porter jusqu’au-delà de la Méditerranée, — jusque dans l’île de Corse, — l’apologie du triste ministère dont il a été le chef et de la concentration républicaine. M. Jules Ferry est allé moins loin : il s’est arrêté dans ses voyages à Vic-de-Bigorre, où il a déposé, chemin faisant, l’expression de ses idées et de ses vues à l’occasion d’un petit monument élevé à un écrivain sérieux et modeste, mort sans bruit il y a quelque temps. On n’en peut disconvenir, M. Jules Ferry fait décidément des progrès ! Il y a quelques années, au temps, il est vrai, où il était au pouvoir, il supportait impatiemment le voisinage des radicaux et il déclarait fièrement que le péril était à gauche. Aujourd’hui, à ce qu’il paraît, tout est changé, le péril est à droite ! M. Jules Ferry l’a vu, — il est allé le dire aux habitans des Pyrénées ! Et qu’a-t-il donc vu ? Il a vu ce mouvement lent, paisible, menaçant, des conservateurs disposés à accepter les institutions, avec l’intention, bien entendu, de défendre leurs droits ! Il a vu surtout