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ne demanderaient rien moins que l’abandon de la colonie de la Mer-Rouge, même de Massaouah, et ceux qui rêvent encore d’étendre la domination italienne en Afrique, le président du conseil, M. di Rudini, a pris la position la plus prudente. Il ne pouvait pas désavouer absolument une politique suivie jusqu’ici au nom de l’Italie et se prêter à un abandon, qui serait un aveu d’impuissance ; il ne voulait pas, d’un autre côté, poursuivre des entreprises qui pèsent si lourdement sur un budget déjà obéré. La politique qu’il entend suivre en Afrique se réduit tout simplement à ceci : rester à Massaouah, limiter le rayon d’occupation, ramener les dépenses au strict nécessaire. C’est la politique de la prudence, de l’économie, et jusqu’ici, en la soutenant comme en maintenant l’ordre à Rome, le nouveau ministère italien paraît garder ses avantages devant le parlement et devant le pays.


CH. DE MAZADE.

LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La liquidation de fin avril s’est faite sur notre place au milieu de conjonctures qui rendaient l’opération très délicate et inspiraient de légitimes appréhensions. Les développemens de la crise argentine, la baisse des fonds chiliens et brésiliens, les symptômes d’un prochain resserrement de l’argent tenaient le marché de Londres dans la situation la plus précaire. De plus, l’agitation ouvrière était menaçante, et nul ne pouvait raisonnablement affirmer que rien de grave ne sortirait de la manifestation universelle du 1er mai ou du mouvement gréviste qui devait, selon toute vraisemblance, se produire à la suite de cette manifestation.

Cependant le monde financier avait quelque raison de bien augurer du succès relatif et inespéré de l’emprunt des Tabacs portugais. On comptait que le 1er mai 1891 se passerait aussi pacifiquement que l’avait fait le 1er mai 1890. Enfin, une grande opération russe était annoncée. La maison de Rothschild allait émettre, pour le compte du gouvernement de Saint-Pétersbourg, un emprunt de conversion de