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dollars. En général, les augmentations.de droits de la classe III affectent principalement l’industrie anglaise, les fabriques de Sheffield comme les mines d’étain du pays de Galles. En 1889, l’Angleterre n’a pas exporté pour moins de 150 millions de francs aux États-Unis en 1ers bruts ou ouvrés de toute sorte. Les produits de coutellerie sont presque doublés.

La classe IV, bois bruts et bois ouvrés, laisse les choses à peu près en l’état. Il y a diminution sur les bois bruts ou de charpente, de légères augmentations sur les produits travaillés.

La classe V présente des modifications d’une grande importance. Tout le sucre jusqu’à la marque hollandaise 16, soit tout le sucre brut, passe de la liste des denrées imposées à celle des marchandises admises en franchise ; le sucre raffiné paiera 1/2 cent par livre. Ainsi se trouve supprimée d’un trait de plume, pour la douane américaine, une recette qui, dans les dernières années, atteignait de 50 à 55 millions de dollars par an, payés par les consommateurs de sucre. La consommation du sucre aux États-Unis s’élève à environ 460 millions de francs, dont 200 millions fournis par Cuba, GO millions par les îles Hawaï, 50 millions par la Jamaïque, 29 millions par l’Allemagne, le reste par le Brésil, la Guyane, les îles Philippines, Porto-Rico, Java, la Belgique. Jusqu’ici, le sucre des îles Hawaï entrait seul en franchise aux États-Unis, par suite du traité du 30 janvier 1875. Désormais, les sucres de toute provenance jouissent du même privilège à partir du 1er avril 1891.

Seulement, l’article 3 de la loi du tarif Mac-Kinley autorise le président des États-Unis à rétablir, à partir du 1er janvier 1892, des droits d’entrée sur les calés, les thés, les sucres, les mélasses et les peaux, admis maintenant en franchise, et provenant de pays avec lesquels le secrétaire d’État n’aura pu conclure des arrangemens de réciprocité assurant à certains produits américains l’admission soit en franchise, soit avec réduction de droits.

La suppression du droit sur le sucre va accroître dans une énorme proportion la consommation de ce produit aux États-Unis, qui en sont déjà le pays le plus grand consommateur du monde, absorbant 1,500,000 tonnes par an. La réduction équivaut à un abaissement de prix de 250 francs par 1,000 kilogrammes.

Les droits sur le tabac, classe VI, sont à peu près doublés. Il s’agit surtout de protéger une industrie spéciale, celle de la feuille de tabac propre à servir d’enveloppe aux cigares. Rien d’ailleurs, dans le tarif, ne prouve que M. Mac-Kinley ait songé à protéger les fumeurs contre les mauvais cigares. Les droits payés sous la classe VI ont été de 11,194,000 dollars. Ils sont portés, à quantités égales, à 20,948,000 dollars. Afin de prévenir les plaintes trop