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armemens, que la Russie s’y montrait indifférente, et qu’il fallait s’attendre à la guerre, sur le Danube, pour les premiers jours du printemps.

L’empereur remit alors au maréchal Soult, aidé du maréchal Ney, la poursuite des Anglais, qu’il croyait perdus, et revint de sa personne à Valladolid pour diriger de là les préparatifs de la guerre d’Autriche. Il conserva auprès de lui la garde pour l’acheminer vers la France. L’empereur ne tarda pas à partir lui-même, il arriva à Paris le 22 janvier.

Pour nous, nous étions destinés à rester en Espagne.

Nous apprîmes, longtemps après, que l’empereur avait commencé, contre l’Autriche, une nouvelle campagne qui fut terminée par la victoire de Wagram et amena, comme conséquence bizarre, le mariage de l’empereur avec Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche.


On sait que le maréchal Soult laissa échapper les Anglais. Cependant l’empereur avait augmenté son corps de celui de Junot et avait mis à sa disposition le corps du maréchal Ney. Soult poursuivait ainsi 20,000 Anglais, déjà dans le plus grand désordre, avec 30,000 Français excellens. L’armée de sir John Moore courait les plus grands dangers, puisqu’elle arriva à la Corogne plusieurs jours avant la flotte qui devait la recueillir. Le maréchal Soult avait perdu trois jours à Lugo, quatre jours devant la Corogne, sans oser attaquer les Anglais. Ils s’échappèrent.

Napoléon avait décidé, avant de quitter Valladolid, que la division Dessoles retournerait à Madrid et que la division Lapisse (celle du commandant Vigo-Roussillon) demeurerait, séparée du 1er corps, dans la Vieille-Castille. Elle fut bientôt envoyée dans la haute vallée du Tage pour couvrir Madrid vers l’ouest. Elle s’avança jusqu’à Cas-tello-Branco et y guerroya jusqu’au mois de juin, mais le défaut d’espace nous oblige à passer sur les chapitres du journal de guerre, intitulés : Prise d’Alcantara, etc., pour arriver à un épisode des plus importans de la guerre d’Espagne, la bataille de Talavera.

Le roi Joseph était à Madrid. Napoléon lui avait donné, en partant, pour chef d’état-major général, ou plutôt pour mentor militaire, le maréchal Jourdan.

La division Lapisse avait rallié le 1er corps, toujours commandé par le maréchal Victor.

Le général Sébastiani avait remplacé le maréchal Lefebvre dans le commandement du 4e corps, qui se trouvait à Tolède.

Le maréchal Soult marchait de Vigo sur Oporto.