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mêmes services que leur rend le Midland Institute dans le domaine scientifique.

Je n’en finirais pas si je voulais énumérer tous les établissemens où la science est dispensée, toutes les institutions bienfaisantes et dignes d’admiration que l’on rencontre ici à chaque pas. Je me contenterai d’ajouter quelques mots sur les bibliothèques populaires gratuites. Il en existe plusieurs qui sont distribuées dans les différens quartiers de la ville. J’entre un jour à midi dans la principale, celle qui fait face à l’hôtel de ville. C’est un grand palais bien éclairé, bien aéré et complètement indépendant. Au rez-de-chaussée une immense salle pour les périodiques : j’y vois étalés, bien présentés et consultés, tous les journaux importans de Londres et de la province, le Journal des Débats, la National Zeitung, des revues littéraires, spéciales, magazines, par centaines, la Revue des Deux Mondes, la Revue d’Ethnographie. Plusieurs centaines de lecteurs, ouvriers en costume de travail, petits bourgeois, tous très sérieux, ne perdant pas une minute, ni une ligne, ne soufflant pas mot. Au fond de la salle, le catalogue des livres est affiché sur de grandes colonnes où chaque volume est représenté par un numéro mobile : à la colonne science, à la colonne histoire, les neuf dixièmes des volumes sont marqués : sorti. En 1885, le conseil municipal consacrait 9,500 livres sterling à la bibliothèque centrale, qui était visitée alors par 5,000 lecteurs chaque jour, et aux bibliothèques annexes situées dans différens quartiers, contenant chacune 10,000 volumes et recevant toutes des périodiques. Ces bibliothèques de quartier étaient visitées par 11,000 personnes et prêtaient 2,000 volumes par jour. Le goût populaire est si vif pour ces institutions, que, lors des élections municipales, les électeurs des quartiers non pourvus de bibliothèques ne manquent pas de poser aux candidats la question suivante : « Voterez-vous pour l’établissement d’une bibliothèque gratuite et d’une salle de journaux dans le district ? » Il est à remarquer que c’est une augmentation de taxe qu’ils réclament en même temps.

J’ai accumulé plus de faits qu’il n’était sans doute nécessaire pour prouver à quel point la population de Birmingham est éclairée, et combien vivement elle sent aujourd’hui plus que jamais le besoin de s’instruire : Mehr Licht ! telle pourrait être sa devise, comme celle de la ville est : Forward !

La vigueur de l’esprit public, la force de la solidarité sociale se peuvent mesurer à l’intérêt porté aux institutions publiques (hôpitaux, écoles, musées, etc.) par toutes les classes de la société. Les hôpitaux sont nombreux à Birmingham, ils ont des charges très lourdes, leur tâche est immense : ils se suffisent à eux-mêmes,