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Proportion de la fleur de jasmin (en poids), salpêtre 10 parties, soufre 2, charbon 3, limaille de fer 6. De même : proportion de la fleur moura ; proportion de la lumière de la lune ; proportion des rayons du soleil ; proportion des fumées jaunes, vertes, blanches, rouges, bleues, etc. ; proportion des guirlandes d’or ; proportion du nénuphar blanc ou vert ; proportion de la langue jaune : proportion d’une roue ; la roue de Khatay (Chine) ; proportion des étoiles. — L’arsenic sulfuré, les limailles de fer et de bronze, le sel ammoniac, entrent dans ces formules.

On y rencontre aussi des compositions pour engins projetables, tels que pois chiches, c’est-à-dire pelotes incendiaires, et pour engins mobiles, tels que fusées, désignées sous le nom de volans, toujours à base de salpêtre.

Si les dénominations des feux d’artifice accusent une origine chinoise, rien ne prouve qu’il en soit de même de la poudre à canon. La controverse soulevée relativement à la question de savoir si cette invention a été faite par les Chinois a donné lieu depuis le XVIIIe siècle à bien des discussions, que l’on trouve résumées dans l’ouvrage de Reinaud et Favé sur le feu grégeois. Pour vider cette question, il conviendrait de soumettre les documens chinois à un examen critique, qui établit la date certaine à laquelle chacun de ces écrits a été composé. Les chroniqueurs et les compilateurs chinois ne sont pas contemporains d’ordinaire des faits qu’ils rapportent, et de même que les Européens du moyen âge, ils décrivent les faits qu’ils résument, dans la langue de leur temps : ils ont antidaté ainsi, sans intention de fraude d’ailleurs, toutes sortes de pratiques et de découvertes. Je citerai comme exemple les traités relatifs à la fabrication de la porcelaine, fabrication qui paraît remonter à un millier d’années environ ; mais dans les traités que nous possédons figurent des préparations chimiques, apportées par les Européens au XVIe siècle et plus tard.

Quoi qu’il en soit, il ressort des explications données dans le livre de Reinaud et Favé que les Chinois paraissent bien avoir connu les fusées et les feux d’artifice vers l’an 1000, mais qu’ils ignoraient encore au XIIIe siècle l’emploi des canons et des armes à feu. En effet, au siège de Siang-Yang par les Mongols en 1271, sous Koublaï-Khan, les historiens chinois racontent que l’on fit venir d’Occident des ingénieurs qui savaient lancer au moyen de catapultes des pierres de 150 livres : le nom de ces machines, ayant été appliqué plus tard aux canons, a donné lieu à la confusion. Les ingénieurs ainsi employés par les Mongols étaient les uns arabes, ou plutôt persans, et les autres européens. Parmi eux se trouvait Marco-Polo, qui parle du même siège, auquel il a assisté. Son père,