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REVUE MUSICALE

Les Concerts. — La messe en si mineur de Bach et la messe en de Beethoven.

En art comme en littérature, il semble que nous reprenions le chemin de la foi et ce n’est plus guère que des programmes politiques qu’est banni le nom de Dieu. L’année dramatique et musicale a été pieuse : sans compter les deux mystères de Noël et de Griselidis, on a pu entendre à l’église Saint-Gervais, sous la direction d’un maître de chapelle artiste et curieux, le Miserere d’Allegri, le Stabat de Palestrina, une messe de Schumann et une autre de Schubert ; au Trocadero, Israël en Égypte ; au Conservatoire, le Déluge, de M. Saint-Saëns, et enfin l’une des plus colossales entre toutes les œuvres sacrées : la messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach. Nous voudrions l’étudier aujourd’hui et revenir à cette occasion sur la messe en ré de Beethoven, donnée il y a trois ans. Les deux œuvres, qui viennent, pour la première fois, de se partager l’attention et l’admiration du public français, se répondent dans l’histoire à un demi-siècle de distance. Il est naturel et profitable de les placer en face l’une de l’autre ; comme deux miroirs, elles s’éclaireront.

C’est un honneur pour la Société des Concerts d’avoir, peu après la messe de Beethoven, exécuté la messe de Bach ; d’avoir été chercher, derrière des voiles, crus longtemps impénétrables, la pensée religieuse de deux hommes qui resteront parmi les plus illustres ; de nous avoir initiés à l’interprétation que l’un et l’autre ont donnée des mystères chrétiens. Un grand musicien, c’est-à-dire un grand penseur en