Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES
GUEUX DE MER

I.
PHILIPPE II ET GUILLAUME D’ORANGE.


I

Les guerres de religion ont toujours été des guerres cruelles. Ce sont aussi les guerres les plus difficiles à raconter. Ne peut-on cependant regretter profondément les événemens à la suite desquels se brisa dans l’Europe troublée la puissante unité du dogme chrétien, et obéir en même temps sans crainte à ce sentiment d’équité qui nous fait reconnaître et proclamer la grandeur de l’homme partout où nous rencontrons le dévoûment et l’esprit de sacrifice ?

« Nous vivons libres ; nous vivons joyeux, » chante aujourd’hui la chanson hollandaise. — « Nous servons le même Dieu. — S’il est quelque différence dans la façon de le servir, — La loi ne s’en inquiète pas. — Unis comme des frères, nous répétons avec allégresse : — Béni soit notre sort ! »

N’est-ce point là un progrès notable sur les doctrines intolérantes qui gouvernaient le monde il y a trois cents ans ? Personne, je pense, ne songerait, en l’année 1891, à le contester. En tout