Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/585

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

illégale. Le conventicle act interdit aux sujets de la reine d’assister aux meetings et exercices religieux des schismatiques, sous peine d’une amende de cinq schellings, qui sera doublée à la récidive. Quant aux prédicateurs et aux propriétaires des immeubles où ont lieu ces réunions d’impies ils seront frappés d’une peine pécuniaire de vingt livres sterling s’ils osent, les uns par des discours, les autres par une complicité matérielle, pousser à la désobéissance et encourager l’hérésie. La loi fait appel aux plus mauvais sentimens, provoque l’espionnage et le récompense, promet aux dénonciateurs un tiers des confiscations prononcées. Renforçant encore l’extrême sévérité de ces règlemens, une prescription impérieuse défend aux pasteurs hétérodoxes de s’éloigner de plus de cinq milles de la ville ou de la paroisse où ils exerçaient leur ministère aux temps où ils prêchaient encore les enseignemens de la saine doctrine. Montrés au doigt, traités en pestiférés, chassés des emplois civils et des écoles, les délinquans incapables de payer l’amende sont incarcérés par les officiers du fisc. Le bétail, la propriété des plus riches sont séquestrés, vendus au délateur à des prix dérisoires. Les prisons regorgent de monde. Il n’y a plus de place pour les criminels de droit commun. On laisse en liberté les voleurs et les assassins, dangereuse engeance à coup sûr, combien moins condamnable pourtant que la bande détestée des relaps et des renégats!

Mais en matière religieuse surtout, est-il rien de plus maladroit, de plus impuissant que la persécution et les menaces? Au cri de « Vive le roi! » une population mercenaire, soudoyée par le clergé et par la noblesse, saccage les édifices du culte nouveau, rase les humbles chapelles construites à la hâte, tremblant encore sur leurs assises mal assurées. Vains efforts! rien n’empêchera le triomphe d’une cause à la tête de laquelle se sont placés les disciples de Penry, des hommes de l’énergie de Howell Harris, le fondateur du méthodisme gallois, de William Steward et de Daniel Rowlands. Honnis, couverts de boue et d’immondices, lapidés même, ils se relèvent et rien n’abat leur indomptable courage. En 1740, à Hay, dans le Breconshire, Steward est tué dans la rue. Accourus à sa voix défaillante, ses partisans sont cernés, dépouillés de leurs vêtemens, flagellés en place publique. Qu’importe! le non-conformisme a dans la principauté de si profondes racines que les excès de ses adversaires, loin de l’affaiblir, l’affermissent et le consolident. A partir de la moitié du XVIIIe siècle, ce qu’on pourrait nommer la renaissance religieuse du pays de Galles prend un essor définitif, se prolonge avec des fortunes diverses jusqu’en 1811, époque à laquelle les associations méthodistes récemment formées sont reconnues. Au reste, l’act of toleration avait rendu moins douloureuses