Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/960

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La rente française a baissé depuis le commencement d’octobre, malgré l’intérêt évident de la haute banque à soutenir les prix pour le succès des grandes émissions en cours. Cette réaction a été une conséquence assez naturelle de la très forte hausse qui s’était faite en septembre. La spéculation s’était engagée à fond dès que les émissions eurent été annoncées. Elle comptait liquider au moment où les souscriptions s’ouvriraient, les grands établissemens de crédit ne devant pas ménager, à cette époque, leur intervention. Mais les spéculateurs, cette fois encore, ont dépassé le but. La rente a été poussée trop haut, en un moment où les achats de la petite épargne et ceux de la Caisse des dépôts et consignations devaient nécessairement se ralentir, à cause même de l’importance des appels faits au concours des capitaux.

Le 6 courant, le Crédit foncier offrait 1 million d’obligations communales, de 400 francs 3 pour 100, émises à 380 francs, sur lesquels 20 francs étaient à verser à la souscription et 20 à la répartition. Le 15, le gouvernement russe offre 1 million d’obligations de 500 francs 3 pour 100, émises à 398 fr. 75, et sur lesquelles il y a 30 francs à verser à la souscription et 100 à la répartition. La souscription aux obligations communales a été un grand succès, et personne ne met en doute la réussite de l’emprunt russe. Les deux opérations auront exigé un déplacement assez considérable de capitaux, et l’importance des achats quotidiens de rente en a été certainement réduite.

Il y a déjà dans ces faits une explication plausible de la difficulté que les spéculateurs ont éprouvée à liquider leurs achats sur un marché surmené par une hausse excessive. D’autres causes encore ont agi dans le même sens, et la plus évidente a été la mauvaise humeur du marché allemand. Des banquiers de Berlin étaient primitivement entrés dans le syndicat de l’emprunt russe. Ils ont dû renoncer à leur participation dans cette affaire devant la réprobation unanime de la presse allemande. La place de Berlin a été, par conséquent, fermée à l’emprunt russe, et la spéculation a vendu à découvert le rouble-papier, l’emprunt d’Orient et les fonds 4 pour 100 or. Sur ces derniers, la baisse est de près d’une unité; sur la rente-papier, elle atteint deux points.

La place de Londres n’a envoyé aucun encouragement aux marchés