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Argenteuil, Saint-Denis, Saint-Ouen, Puteaux, etc. À la fin de juin, elle régnait dans 26 communes, toutes situées dans le nord-ouest de Paris, c’est-à-dire dans la zone alimentée par l’eau de Seine prise à Sèvres, au-dessous de l’endroit où débouche le grand collecteur des égouts de la ville. Quelques cas se sont aussi montrés dans Paris, mais la plupart des malades en avaient pris le germe dans la banlieue.

La population de Paris s’est d’abord émue en voyant le choléra à ses portes ; mais elle a bientôt été rassurée par le petit nombre de cas et le peu de tendance de la maladie à se généraliser. Cette épidémie en miniature était à son apogée au 15 juillet. Pendant la seconde quinzaine du mois, il y a eu moitié moins de décès que pendant la première[1]. Elle va très probablement s’éteindre après avoir fait moins de six cents victimes sur une population de trois millions d’habitans, et après avoir presque complètement épargné la grande ville qui semblait devoir être pour elle un terrain de prédilection.

Cette apparition soudaine du choléra dans la banlieue est étrange sous tous les rapports. Il a été impossible d’en découvrir l’origine ; il a éclaté brusquement dans un établissement dont la population sédentaire n’avait eu aucun rapport avec les pays où le fléau régnait à cette époque. La mauvaise qualité de l’eau de Seine rend compte de la propagation de la maladie et des limites auxquelles elle s’est arrêtée ; mais elle n’en explique pas la provenance. Quant à sa nature, on s’est efforcé de rassurer la population en parlant de choléra-nostras, mais, en réalité, c’est bien la maladie que nous avons déjà vue tant de fois. La transmission a été manifeste à la maison municipale de Nanterre, et le bacille virgule a été retrouvé toutes les fois qu’on l’a recherché. Si les cas ont été peu nombreux, ils se sont montrés, en revanche, d’une gravité exceptionnelle. À la maison municipale de Nanterre il y a eu 44 décès sur 54 malades ; à Saint-Denis, 11 morts sur 19 ; à Puteaux,

  1. Première quinzaine de juillet :

    ¬¬¬

    Banlieue 408 cas, 170 décès.
    Paris 135 cas, 46 décès.
    Totaux 543 cas, 216 décès.
    Deuxième quinzaine de juillet :

    ¬¬¬

    Banlieue 126 cas, 72 décès.
    Paris 100 cas, 34 décès.
    Totaux 226 cas, 106 décès.

    Du 3 au 17 août, il n’y a eu que 33 décès dans la banlieue et 16 dans Paris.