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chander, racheta dix-sept moulins ou usines. Elle fournit, en outre, de l’eau aux communes riveraines des ruisseaux appauvris, sans s’arrêter à cette circonstance que la plupart ne faisaient pas jusque-là grand usage des eaux des sources, se contentant de puits plus à leur portée. À la ville de Sens, en particulier, Paris assura une fourniture d’eau quotidienne de 600,000 litres, prise sur l’aqueduc de la Vanne, et fit, en outre, tous les frais de distribution de ce don vraiment royal. Plus tard, en 1878, lorsqu’on reconnut la nécessité de renforcer le débit de la Vanne de celui de la source de Cochepies, le conseil d’État saisit à propos l’occasion, et dans le décret d’autorisation visa, du consentement, d’ailleurs, de la ville, l’engagement, pris par elle, d’indemniser les usagers. Enfin, pour l’Avre et la Vigne, la loi du 5 juillet 1890, déclarative d’utilité publique, stipule que la ville de Paris sera tenue d’indemniser des dommages résultant de la dérivation les propriétaires qui se servent de ces sources. C’est un grand pas de fait dans la voie de l’équité. L’honneur en revient aux auteurs de la loi, au conseil d’État et à la ville de Paris.

Mais il ne faut pas se bercer de trop d’espoir. Plus on ira, plus il sera difficile à la ville de Paris d’acquérir et surtout de détourner de nouvelles sources. Cependant, nous l’avons vu, même avec le secours de l’Avre, la situation d’aujourd’hui restera fort précaire. Ce ne sera pas encore le cas de rappeler le mot de celui qui disait : « Il faut avoir trop d’eau, pour en avoir assez. »

Cependant, le conseil municipal actuel, dans une intention assurément excellente, mais s’illusionnant peut-être sur l’étendue des ressources dont il dispose, poursuit dès maintenant auprès du gouvernement la présentation aux chambres d’une loi prescrivant l’abonnement obligatoire. S’il faut en croire les commentaires qui s’en font, cette loi tendrait à contraindre tous les propriétaires parisiens à recevoir les eaux de source et à les mettre, — sinon dans chaque appartement, — au moins à chaque étage à la disposition de leurs locataires. Joignez à cela l’obligation qui leur sera sans doute en même temps imposée, d’installer, — comment dirai-je, — le tout à l’égout, puisqu’il faut l’appeler par son nom, qui n’est efficace qu’au prix de torrens d’eau ; ce sera un supplément de dépense assez sensible pour certaines catégories d’habitans. La tuyauterie représente une somme une fois dépensée de peut-être 75 à 80 fr., la location du compteur s’élève annuellement à 18 francs et le mètre cube se paie au moins fr. 30. En revanche, ce sera pour la ville un accroissement de recettes. Actuellement, la dépense ne dépasse pas 6 à 7 millions : la recette s’élève à 11 millions, déduction faite de la part revenant à la compagnie générale des eaux. On pourra certifier à ce moment-là que la consommation do-