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des malades redoublans qu’elle laisse en arrière et qui sont recueillis par la promotion suivante, profite en revanche de l’appoint des retardataires abandonnés par les séries antérieures et qui néanmoins sont classés avec leurs successeurs[1].

Il ne sera pas sans intérêt de comparer la situation que nous venons d’exposer avec celle qui est faite aux élèves insuffisans de Saint-Cyr ou de l’École polytechnique. Dans notre grande école militaire, on exige comme minimum strict des conditions à peu près semblables : 10 de moyenne générale, 7 et 6 pour chaque matière, suivant qu’il s’agit des notes attribuées dans le cours de l’année ou de l’examen final. Celui qui à la fin de la première année ne remplit pas ces conditions en est quitte pour « redoubler » avec ses « recrues. » Si l’insuffisance se manifeste au bout de la seconde ou de la troisième année, on renvoie dans un régiment le « fruit sec, » mais cette éventualité extrême se présente très rarement, et plusieurs années peuvent s’écouler sans qu’arrive pareille disgrâce. À Saint-Cyr, comme aux Arts et Métiers, un examen final trop faible peut être réparé au moyen d’une interrogation supplémentaire. Dans les deux établissemens, on tient grand compte de la conduite et, au-delà d’un certain taux, des punitions trop fréquentes entraînent l’exclusion. Ces punitions, d’après le règlement commun aux trois institutions d’Aix, Châlons et Angers, sont la consigne, analogue à la retenue des collèges, la salle de police qui entraîne en outre la privation de vin aux repas, et la prison, qui réduit l’élève coupable au régime du pain et de la soupe. En principe, le directeur doit seul ordonner la prison, et il peut aggraver cette peine, s’il le juge à propos, en obligeant l’écolier à coucher dans le local disciplinaire.

Beaucoup plus douce est la règle suivie à l’École polytechnique. La conduite n’a aucun coefficient. Quelle que soit son insuffisance, l’élève n’est jamais « séché » à la fin de la première année. On ne lui demande que d’avoir une moyenne générale de sortie égale à 9 au bout de sa seconde année, et, cette condition une fois remplie, son avenir est assuré. Néanmoins, en 1891, trois jeunes gens, à la suite de leur seconde année d’école, ont été incorporés comme troupiers. De plus, qu’il soit « conscrit » ou « ancien, » le polytechnicien est retenu pendant les vacances un certain nombre de

  1. Les élèves médiocres profitent volontiers de la règle du redoublement en cas de maladie qui les sauve d’un renvoi. Au mois de janvier 1892, la troisième division de l’école d’Aix comptait 111 internes, soit un excédent d’une dizaine de sujets, épaves de la promotion admise en 1890, dont le séjour à l’infirmerie avait atteint ou dépassé les quarante jours exigés. Ajoutons que les conditions sanitaires de l’institution d’Aix sont, en général, très satisfaisantes.