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Pégase, planant dans les airs au-dessus de quatre chevaux prosternés ; au bas, ces vers :


Il monte avec la main, les éperons et gaule
Le cheval de Pégase qui vole en capriole :
Il monte si haut qu’il touche de sa tête les cieux,
Et par ces merveilles ravit en extase les dieux ;
Les chevaux corruptibles qui, là-bas, sur terre sont
En courbettes, demi-airs, terre à terre vont,
Avec humilité, soumission et bassesse,
L’adorer comme Dieu et auteur de leur adresse.


Une autre gravure le représente en empereur romain sur un char traîné par des centaures et toujours suivi par des chevaux prosternés. Voici, du reste, comment l’auteur lui-même s’exprime : « … J’ay enfin trouvé cette méthode qui est assurément infaillible. J’ay dressé toutes sortes de chevaux de quelque pays ou tempérament qu’ils fussent, de quelque disposition, force ou foiblesse qu’ils peussent estre… Ils se soumettent à ma volonté avec grande satisfaction. Ce que je souhaiterois que les autres peussent en pratiquant leur méthode, ce que je ne crois pas qui arrive de si tost… D’une chose vous puis-je répondre, que quelque autre dresse un cheval et le parfasse par son industrie, cette mienne méthode nouvelle le parfera en moins de la moitié du temps que luy, et il ira encore mieux et plus juste ou parfaitement, ce que j’ay veu faire à peu de chevaux que les autres dressent. » Cette fameuse méthode, qui parut trente années après celle de Pluvinel, n’était guère supérieure au Cavalerice de La Broue et préconisait les mêmes moyens de brutalité ; la principale invention de New-castle consistait à plier ridiculement l’encolure au moyen d’une rêne fixée à la selle. Le lieutenant-colonel Mussot, dans ses Commentaires sur l’équitation, dit en parlant du livre de Newcastle : « Une telle exubérance d’orgueil et de vanité puérile annonce nécessairement un dérangement quelconque des facultés mentales. » On peut se demander si ce dérangement d’esprit ne s’est pas accentué depuis chez les sportsmen anglais et chez leurs imitateurs qui prétendent être, pour ainsi dire, de naissance, des hommes de cheval transcendans, sans avoir jamais rien appris. Le marquis de Newcastle, du moins, avait, dit-il, « toujours pratiqué et étudié l’art de monter à cheval auprès des plus excellens hommes de cheval de toutes les nations, les avoit entendus discourir fort amplement sur leur métier, avoit essayé et expérimenté toutes leurs méthodes, lu tous leurs livres, sans en excepter aucun, tant italiens, françois, qu’anglois et quelques-uns en latin. »