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institution. » — C’étaient d’anciens piqueurs des écuries du roi, imbus des principes de La Guérinière et d’Abzac, mais manquant d’instruction.

En 1799, on adjoignit à l’École de Versailles deux succursales : l’une à Lunéville, l’autre à Angers.

La mode adoptait de plus en plus tout ce qui venait d’Angleterre ; il était de bon ton de copier non-seulement les harnachemens, plus légers et plus commodes pour les usages ordinaires, mais encore la manière de monter de nos voisins, ce qui était une grave erreur, car, aussi bien en chasse qu’à la guerre, les cavaliers qui savent appliquer les bons principes fatiguent beaucoup moins leurs chevaux et ne les « claquent » jamais, tout en leur faisant faire, au besoin, plus de travail.

MM. Leroux frères, Pellier, qui avait ouvert le manège de Provence, Chapelle, Aubert, formés à l’École de Versailles, s’efforcèrent de maintenir les bonnes traditions.

En 1809, l’École de Versailles fut supprimée et une École de cavalerie créée à Saint-Germain.

En 1814, l’École de Saint-Germain fut transférée à Saumur et prit le nom d’École d’instruction des troupes à cheval. MM. Ducroc de Chabannes et Cordier furent placés à la tête du manège, comme écuyers civils, tous deux au même titre. Le marquis Ducroc de Chabannes, élève de l’École militaire, partisan des principes des Mottin de La Balme, Melfort, d’Auvergne et Bohan, qui étaient en divergence avec ceux de Versailles, représentait ce qu’on appelait l’équitation militaire et voulait simplifier l’enseignement en supprimant les vieux airs de manège. M. Cordier, élève de Versailles, tenait pour l’équitation classique selon les principes de La Guérinière et de Montfaucon. Les deux maîtres, au lieu de chercher à unifier leur enseignement par des concessions réciproques, s’attachèrent de plus en plus aux idées qui les divisaient : — « On tolérait, dit Mussot, pour l’instruction militaire les principes de Bohan, qui étaient ceux que défendait M. de Chabannes et dont il avait en quelque sorte tiré la quintessence, et on les bannissait du manège civil. Ainsi, les élèves recevaient un jour des leçons de position, d’assiette, de tenue à cheval, qui étaient démenties ou qu’ils ne reconnaissaient plus le lendemain avec d’autres maîtres (le travail militaire et le travail d’académie alternaient d’un jour à l’autre)… L’instruction dans les corps se ressentait de cette incohérence d’idées ; les élèves de Saumur en sortaient avec une intelligence fatiguée de ces contradictions et des connaissances aussi incomplètes qu’indécises. »

Ce fut M. Cordier qui l’emporta. Le Manuel pour le manège de