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de côté bien des questions utiles, il donne trop d’importance à des détails insignifians.

Le commandant Piétu, nommé écuyer en chef à Saumur en 1877, avait étudié avec soin les différentes méthodes ; il appliqua celle du comte d’Aure, à l’exclusion de toute autre et proscrivit toutes les flexions et assouplissemens à pied. C’était un cavalier hardi, aimant et pratiquant avec beaucoup d’habileté l’équitation d’extérieur et en même temps un écuyer très fin et très correct au manège.

En 1882, le commandant de Bellegarde remplaça M. Piétu. Il se montra écuyer consommé, parfait de tenue, avec une main excellente et une grande puissance de jambes ; il montait long, insistait avec raison sur l’élévation de l’encolure, trop négligée par l’ancienne école, et se servait beaucoup du jeu alternatif de la bride et du filet, celui-ci tenu dans la main droite, pour donner à ses chevaux un beau port de tête et des allures brillantes.


III

Ce qu’on peut critiquer dans presque tous les ouvrages qui ont paru sur l’équitation, c’est que chaque auteur annonce qu’il va donner une méthode nouvelle et consacre ensuite de longues pages à discuter et à réfuter ce qu’ont dit ses devanciers ; c’est aussi que presque tous font intervenir des théories plus ou moins scientifiques qui ne s’appliquent pas exactement à leur sujet ; enfin que, perdant de vue l’ensemble de leur œuvre, ils y donnent trop de place à des questions tout à fait secondaires, provoquant ainsi sans cesse de nouvelles discussions qui divisent de plus en plus les maîtres.

Depuis La Guérinière, je ne vois que trois écuyers qui aient marqué par des théories personnelles vraiment importantes :

Le comte d’Aure, qui, comprenant admirablement ce que devait être l’équitation moderne, a établi le lien qui doit l’unir à l’ancienne école et a écrit une excellente méthode pratique, son petit Cours d’équitation.

Lancosme-Brèves, qui a montré comment le cavalier doit déplacer son propre poids et peser davantage sur un étrier ou sur l’autre, — actions qui ne doivent jamais être exagérées au point d’être apparentes et qui permettent au contraire de tout obtenir sans aucun mouvement visible, — pour conserver l’équilibre parfait et faciliter au cheval tous les changemens de direction et d’allure.

Enfin le capitaine Raabe, qui a découvert les véritables lois de la