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que la Bourse du jour ne connaît pas de joueurs et ne recrute sa clientèle que parmi les personnes animées d’une sainte horreur pour la spéculation. D’autre part, les « joueurs de profession » de la Bourse du soir seraient tous, au dire des syndics, d’enragés baissiers, fort capables de faire perdre, en moins d’une heure, trois ou quatre points à la rente française, mais qui ne se résoudraient jamais à profiter d’une bonne nouvelle pour faire monter cette même rente. Le ministre des finances n’a pas encore répondu à la lettre des syndics ; la coulisse, de son côté, est restée muette. Il est cependant probable qu’après une telle manifestation des compagnies d’agens de change de Paris et des grandes villes de province, la petite Bourse du soir a vécu : fort peu de gens, à tout prendre, la regretteront.

La chambre des députés n’a pas pu se décider, cette année encore, à entamer dans sa session ordinaire la discussion du budget. Ce sera l’œuvre des trois derniers mois de 1892, et il est à craindre que ce temps n’y suffise pas. La commission va reprendre ses travaux dès les premiers jours d’octobre, à peine une quinzaine avant la rentrée des chambres. Quand seront prêts le rapport général et tous les rapports accessoires ? Le rapporteur général est M. Poincaré, nommé en remplacement de M. Burdeau, lorsque celui-ci est devenu ministre de la marine. Il se trouve, paraît-il, en présence d’une difficulté sérieuse relative à l’amortissement des obligations sexennaires, inscrit pour une somme de 163 millions, et auquel, dans le projet du gouvernement, il est pourvu par des excédens antérieurs et par l’escompte de plus-values dans le revenu des douanes. Au lieu des plus-values espérées par les protectionnistes, les nouveaux tarifs laissent des moins-values, et voilà l’équilibre du budget compromis. M. Poincaré déclare que de nouvelles économies sont nécessaires, mais comme il prévoit assez sagement que la réalisation en est à peu près illusoire, il émet l’idée de l’application à l’amortissement des obligations sexennaires de l’économie de près de 100 millions par an que doit donner la conversion du 4 1/2 pour 100. C’est soulever une question bien grosse et dont il n’est pas certain que le gouvernement et la chambre veuillent aborder l’examen à propos du règlement du budget de 1893, qui devrait être déjà voté.

Les fonds russes ont été aussi vivement poussés dans la seconde partie de septembre qu’ils l’avaient été précédemment. L’emprunt d’Orient, il est vrai, est resté en dehors de ce mouvement, retenu par l’immobilité des cours du rouble (253 francs environ les 100 roubles papier) ; mais le consolidé k pour 100 or a été porté de 97.15 à 97.80, et le 3 pour 100 1891 de 79.75 à 81.30. Ce dernier fonds a été émis, il y a un an, à 79 ¾ pour 100, pour un montant nominal de 500 millions de francs. L’opération n’a que partiellement réussi ; le gouvernement russe a dû reprendre les deux cinquièmes de l’emprunt, soit 200 millions