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du 18 décembre 1873, en même temps que l’autorisation de limiter et même de suspendre le monnayage de l’argent. Cette prompte action de nos voisins tira de sa torpeur le gouvernement français, qui convoqua pour le mois de janvier 4874 une conférence des États membres de l’Union latine : cette conférence se prononça pour une étroite limitation du monnayage de l’argent et pour sa suspension provisoire. Cette suspension fut renouvelée en Belgique par la loi du 21 décembre 1876 et en France par les lois des 5 août 1876 et 31 janvier 1878, qu’on peut considérer comme ayant mis fin à la frappe des pièces d’argent de cinq francs. Ce qui montra à la fois la nécessité et l’efficacité de ces mesures, c’est que l’Allemagne suspendit immédiatement ses ventes d’argent, bien qu’elle en eût encore pour plus de 450 millions à céder : elle ne les a pas reprises depuis lors ; et même elle a suspendu le retrait de ses monnaies d’argent, en mettant en avant les réclamations de l’agriculture allemande qui se plaint d’une trop grande contraction de la circulation métallique.


II

Poursuivons l’histoire de l’Union latine. Établie pour une durée de quinze années, elle devait prendre fin le 1er janvier 1880, si son existence n’était pas prolongée par les contractans. Le gouvernement français crut devoir devancer le terme des engagemens pris et il provoqua, dans l’automne de 1878, une réunion des puissances intéressées. Le maintien de l’Union fut décidé à l’unanimité, mais seulement pour une durée de cinq années qui devaient commencer le 1er janvier 1880 et se terminer le 1er janvier 1885.Si la nouvelle convention, qui porte la date du 5 novembre 1878, n’était pas dénoncée un an avant ce terme, elle serait prorogée de plein droit d’année en année, par voie de tacite reconduction, et demeurerait obligatoire jusqu’à l’expiration d’une année après la dénonciation qui en serait faite. Cette abréviation de la durée de l’Union n’était pas la seule modification apportée au pacte de 1865 : la convention tenait compte des faits nouveaux qui s’étaient produits au regard des métaux précieux. Elle suspendait le monnayage des pièces de 5 francs en or qui avaient trouvé peu de faveur dans le public, qui ne pouvaient être utilisées dans les paiemens internationaux et qui faisaient concurrence, dans la circulation intérieure, aux pièces de 5 francs en argent, à la dépréciation desquelles il importait de ne pas ajouter.

Quant à ces dernières, le monnayage n’en était suspendu que provisoirement, mais comme il était spécifié qu’il ne pourrait être