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augmentation notable des superficies à offrir à l’épandage. Les pratiques culturales ne comportent pas un arrosage quotidien constant, comme celui qui s’exécute au sommet du tube des expérimentateurs. Il faut tenir compte des jours de pluie, de ceux où, avant ou après les façons à donner, ou les récoltes à faire, on laissera, comme on dit, le sol se ressuyer et se raffermir. D’autre part, le ralentissement de la consommation pendant la saison d’hiver est aussi à considérer, tout en n’étant pas à redouter autant qu’on l’a dit. L’eau d’égout est remarquable par la constance de sa température. En hiver, quelque froid qu’il fasse, on ne l’a jamais vue descendre au-dessous de 5 degrés. L’eau d’égout peut donc circuler en hiver comme en été. Elle peut même apporter au sol une chaleur utile dans certains cas. En fait cependant, à Gennevilliers, la consommation d’été est deux fois et demie plus considérable que celle de l’hiver. Enfin, le débit journalier de l’égout est lui-même variable, et dans d’assez fortes proportions, nous l’avons vu. Il faut être à son aise pour pouvoir l’utiliser complètement, même aux jours de surabondance. On n’y peut arriver qu’en disposant d’étendues irrigables largement calculées.

La règle la plus prudente, celle qui satisferait le mieux cette théorie de la restitution à laquelle on demande de couvrir de son ombre protectrice le nouveau projet, consisterait à proportionner les volumes d’eau épandue aux besoins des diverses cultures. Ces besoins sont connus. Les agronomes ont déterminé depuis longtemps les quantités de matières fertilisantes nécessaires aux plantes. En les comparant aux élémens de l’eau d’égout d’aujourd’hui, on trouve qu’il faut de celle-ci 80,000 mètres cubes aux prairies, la moitié aux cultures maraîchères, le dixième seulement aux céréales. — Le jour où on réaliserait le tout à l’égout, sans augmenter notablement le volume des eaux, l’accroissement de leur teneur en azote obligerait à réduire probablement de moitié les chiffres qui précèdent. Et alors, écartant, pour le calcul, le cas des terres à blé, admettant que les surfaces irriguées soient moitié à l’état de cultures maraîchères, moitié en prairies, c’est dans le premier cas à 3,000 hectares, et à 6,000 dans le second qu’il est prudent d’évaluer les surfaces nécessaires. C’est encore avec des proportions beaucoup plus faibles que la ville de Berlin pratique avec un succès remarquable, et le tout à l’égout et la fertilisation des sables stériles de son domaine agricole. — On aime à le rappeler, — c’est à Paris que les ingénieurs et les magistrats de Berlin sont d’abord venus étudier cette double et connexe question. Ils ont vu nos égouts. Ils ne les ont pas imités ; ils ont employé de modestes conduites en poterie. Après avoir visité Gennevilliers, ils ont réglé