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Le roi d’Italie a fait entendre à l’ouverture du parlement à Rome, dans le discours du trône, une note si nettement et chaleureusement pacifique, que le monde financier un peu partout a senti s’accroître sa confiance dans le maintien de la paix. Le 4.34 s’est avancé lentement vers 94 francs et n’est plus qu’à 25 centimes de ce cours perdu depuis si longtemps.

L’Extérieure est aussi en meilleure posture qu’il y a quinze jours. Les deux derniers bilans de la Banque d’Espagne ont paru satisfaisans, accusant une diminution de la circulation fiduciaire d’une quinzaine de millions pour la moitié du mois. Le change s’est tendu au-dessus de 16, mais on s’est occupé fort peu de cette cote et on a escompté en fermeté les bruits qui ont circulé sur le projet d’un grand emprunt de liquidation de la dette flottante. M. Canovas proposerait cet emprunt dès la rentrée des Certes, et l’opposition lui livrerait bataille sur ce terrain. Le 4 pour 100 espagnol reste en reprise d’une demi-unité sur ses plus bas cours. Le Portugais a baissé au-dessous de 24 francs, le bruit s’étant répandu que le Trésor, à Lisbonne, ne possédait pas les ressources nécessaires pour le paiement du tiers en or du prochain coupon, qui vient à échéance en janvier. Ce bruit a été, il est vrai, démenti.

Les valeurs turques ont été complètement délaissées. Peu d’affaires et peu de variations sur tout le groupe, sauf sur les actions des tabacs qui ont fléchi à 355 sur des ventes provenant de Vienne et de Constantinople. L’Unifiée d’Egypte a reculé de 1 à 2 francs, depuis le détachement du coupon.

Le Crédit foncier a reculé pendant quelques jours au-dessous de 1,100 francs. Un membre du Sénat avait entrepris de démontrer par voie d’interpellation que cet établissement était mal dirigé et virtuellement en état de ruine. L’exagération des critiques était si énorme que le ministre des finances a eu peu de peine, dans sa réponse, à les réduire à une infinitésimale portée. Il a rappelé que l’inspection des finances en 1890 avait prescrit au gouvernement du Crédit foncier certaines conditions auxquelles il avait été fidèlement obtempéré, et qu’en fait les obligations étaient parfaitement gagées. La Banque de Paris s’est améliorée sur la perspective des bénéfices que lui réserve une grande opération de crédit espagnole. Les Chemins français n’ont guère varié. Les actionnaires du Gaz attendent la fin du débat engagé au conseil municipal sur le rapport Sauton. Le conseil a décidé de passer à la discussion des articles. L’adoption du projet reste très probable.


Le directeur-gérant : CH. BULOZ.