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du luxe, dans la passion de jouir, dans le matérialisme pratique que nous respirons et que nous exhalons partout autour de nous ? Est-ce dans la vénalité qui ronge nos hommes publics, et qui, pareille à un chancre honteux, menace de dévorer peu à peu les chairs d’une nation naguère encore brillante de santé ? Cette corruption parlementaire qui nous envahit depuis une douzaine d’années, le courtier juif d’outre-Rhin en est trop souvent le véhicule ; mais pourquoi est-ce dans notre France républicaine que le bacille corrupteur semble trouver le meilleur bouillon de culture ? Cela tient, hélas ! à bien des causes : à nos dissensions politiques, à notre désunion sociale, aux préjugés artificiellement entretenus des classes populaires contre les classes élevées et les familles où l’honneur était un héritage toujours intact ; cela tient aux appétits des nouvelles couches qu’il assiègent avidement la table du pouvoir, impatientes d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent, à la voracité des politiciens faméliques, dupeurs effrontés du suffrage universel ; cela tient, en un mot, à l’abaissement graduel du niveau social et du niveau moral de nos assemblées électives. Ne connaissons-nous pas, de l’autre côté de l’Atlantique, un grand pays où le sémite ne passe point pour régner, et qui, pour des causes analogues, souffre d’un mal semblable ? C’est le résultat de la prédominance des intérêts matériels et de la transformation démocratique de nos sociétés ; et s’il plaît à notre patriotisme de lui donner un nom étranger, nous pouvons aussi bien dire que c’est de l’américanisme.

Où donc est la marque de l’esprit juif, et quelle en est l’expression dans l’art, dans la littérature ? Elle est bien avilie, bien salie, notre littérature moderne, notre littérature française surtout ; elle vous a trop souvent un fumet de faisandé, un relent de pourri qui soulève le cœur. La faute en serait-elle au Juif ? Mais est-ce bien Israël qui, depuis cinquante ans, a donné le ton aux lettres françaises ? et comment est-ce en France, un des pays où il y a proportionnellement le moins de Juifs, que la littérature s’est le plus gâtée ? Qu’ont donc de sémitique notre théâtre ou notre roman ? Le naturalisme qui se plaît à ravaler la nature humaine, l’énervant pessimisme, le dilettantisme affadissant, le mais cabotinage, sont-ils des produits de la synagogue ? Est-ce du talmud-tora que sortent les jongleurs de mots, les inventeurs de l’écriture artiste qui font de l’art un puéril kaléidoscope de sons et de couleurs ? Je distingue bien au théâtre, dans le roman, dans la presse surtout, quelques fils de Jacob ; mais qui s’aviserait de voir en eux les chefs d’orchestre de notre littérature ? Serait-ce d’Israël que nous sont venus le décadentisme, le symbolisme, le baudelairisme dépravé, l’occultisme mystificateur ? Sont-ce des Juifs exilés de la terre sarmate qui nous ont apporté