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UNE

HISTOIRE INACHEVÉE

M rs Trevelyan, avant de s’installer à sa place de maîtresse de maison, promena un regard rapide de l’un à l’autre bout de la table, sur le couvert et sur ses hôtes, en cherchant à deviner si son seigneur et maître était content. Mais celui-ci prêtait l’oreille à quelque chose que lui disait lady Arbuthnot, assise à sa droite, et, n’étant qu’un homme, il ne comprit pas l’intention. En revanche, la femme du ministre d’Autriche, une amie intime, vit, apprécia et d’un petit sourire rapide, par-dessus son éventail, répondit que tout était parfait. De sorte que M rs Trevelyan se mit à retirer ses gants avec une expression de sérénité. M rs Trevelyan n’avait pas l’habitude de douter d’elle-même, mais ce dîner était presque un impromptu, et elle craignait un peu... Bien à tort, car il réunissait les meilleures conditions de succès, étant le dernier de la « saison, » ajouté sur requête spéciale au programme épuisé, très différent par conséquent de tous ceux qui avaient retardé depuis des semaines les déplacemens d’été, lesquels allaient une bonne fois commencer le lendemain. Rien ne menaçait plus dans l’avenir les convives rassemblés ici ; chacun d’eux savait que son bagage l’attendait tout bouclé au logis, qu’on en avait fini avec les corvées mondaines. Reposés d’avance et résolus à jouir le mieux possible les uns des autres avant la dispersion générale, ils se trouvèrent immédiatement en verve. Ce fut un murmure simultané de rires et de causeries à demi-voix. Les portes-fenêtres