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identiques, par leur destination, à ceux que, dans les pays de langue arabe comme l’Algérie, on nomme des zaouias. Ce sont des monumens religieux qui servent à la fois d’écoles, de séminaires, de lieux de prière et, souvent, dans les pays lettrés, comme l’est la Grande-Boukharie, de bibliothèques.

Le plan de tous les médressés de Samarkande, qui, pour la plupart, remontent au XVe siècle, est assez uniforme. La façade de chacun d’eux est une sorte d’immense portique : au centre d’un mur uni et d’une grande épaisseur, aussi large que haut, s’ouvre une voûte ogivale, dont le fond est muré et dont la hauteur atteint souvent 100 à 150 pieds. Au milieu de cet enfoncement ogival se dessine en creux une autre fausse porte, plus petite, également en ogive et dont les dimensions sont moindres ; elle n’a généralement qu’une trentaine de pieds de hauteur : le fond en est parfois fermé par un mur plein, plus ou moins enrichi d’ornemens sculptés, de mosaïques ou de faïences ; parfois il est travaillé à jour de manière à présenter l’aspect d’une sorte de grille ou de dentelle de pierre. À droite et à gauche de cette arcade intérieure, sur la tranche des pieds-droits ou montans qui l’encadrent, s’ouvrent deux petites portes latérales, qui, elles, sont praticables et donnent accès, par des passages plus ou moins tortueux, à l’intérieur du monument.

Ces grands arcs ogivaux, qui constituent la principale charpente architecturale des façades de presque tous les monumens religieux de la Tartarie, portent le nom de pichtak. À leur ombre, les prêtres et les oisifs se rassemblent pour deviser. On y prie à certaines heures : autrefois, l’usage des souverains et des chefs indigènes était, paraît-il, d’y siéger pour rendre la justice.

Toutes ces façades, construites sur le plan qui vient d’être décrit, sont revêtues de briques émaillées aux couleurs éclatantes. Le fond de l’émail est le plus souvent d’un bleu turquoise très brillant et qui a résisté aux siècles. Des ornemens fort compliqués et d’une grande élégance, en d’autres couleurs, s’y enchevêtrent. En général, le bleu foncé, le blanc et le jaune suffisent à les composer. Il s’y ajoute parfois, mais surtout dans les constructions postérieures à la fin du XVIe siècle, du vert, du noir et de l’or, sans parler du ton naturel de la brique non vernissée, qui, laissé apparent en certains endroits, a été utilisé d’une façon fort heureuse pour l’effet général de la décoration. Cette teinte est jaunâtre ou légèrement rosée ; peut-être a-t-elle été jadis d’un rose vif, du moins pour plusieurs des principaux monumens.

Les motifs d’ornementation sont parfois de simples entrelacs d’arabesques et de fleurons ; mais presque toujours il s’y mêle des inscriptions nombreuses, tantôt peintes dans l’émail de briques ou de carreaux juxtaposés, tantôt formées par des briques