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presque exclusivement avec les États-Unis. En 1877-1878, les exportations du Mexique étaient seulement de 6,701,061 piastres. En 1885-1886, année qui a suivi l’ouverture du chemin de fer du Nord, elles sont montées à 43,647,717 piastres ; en 1891-1892, elles ont été de 75,467,714 piastres, sur lesquelles les exportations aux États-Unis figurent pour 49,932,664 piastres, soit les deux tiers. L’Angleterre, où les coupons de la dette sont payables, ce qui donné un grand avantage à créer des lettres de change par l’exportation de marchandises ou à faire des envois d’or et d’argent à Londres, reçoit pour une valeur de 15,267,955 piastres. À l’importation, les États-Unis figurent pour plus de la moitié et l’Angleterre pour un sixième. Le reste du mouvement commercial se partage entre les autres États européens. De plus en plus les minerais d’argent mélangés de plomb qu’on extrait des mines mexicaines vont aux États-Unis pour être fondus. Ce sont les États-Unis qui fournissent au Mexique presque toutes les machines et le fer nécessaire à sa consommation ainsi que la plus grande partie du coton employée dans ses filatures. C’est encore à son voisin du nord que le Mexique a demandé, pendant la disette de l’an dernier, le maïs nécessaire pour nourrir sa population. Depuis l’ouverture des chemins de fer, les bois d’œuvre des États-Unis arrivent à meilleur marché sur le plateau central que les bois des terres basses, qui seraient grevés d’énormes frais de transport.

Il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte pour voir combien les deux pays sont dépendans l’un de l’autre. Les chemins de fer ont détruit l’obstacle que le désert du nord opposait aux communications entre les hommes non moins qu’aux transports des marchandises. Le parti républicain, qui a été au pouvoir jusqu’ici à Washington, n’a pas voulu se prêter à un traité de commerce à tarif conventionnel avec le Mexique ; mais des arrangemens douaniers spéciaux ont facilité les échanges entre les deux pays. Pour peu que le tarif américain soit abaissé pendant la présidence de M. Cleveland, ces relations prendront un grand essor. Déjà les armateurs de la Nouvelle-Orléans et de Galveston se préparent à de grands efforts dans la direction de Tampico et de la Vera-Cruz, car ces ports, étant devenus les têtes de ligne de chemins de fer, vont prendre beaucoup plus d’importance commerciale.

Jusqu’à présent, ce sont les Américains qui usent le plus des chemins de fer mexicains. Ils parcourent le pays recherchant de grandes haciendas à acquérir et à mettre en sociétés par actions, mais surtout des exploitations minières à remonter au point de vue technique. Dans toutes les villes, ils organisent les tramways,