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LE REICHSTAG
L’EMPEREUR ET l’EMPIRE ALLEMAND

Le samedi 6 mai dernier, après une discussion orageuse, le Reichstag allemand rejetait successivement l’article premier du projet de loi militaire présenté par le chancelier et l’article premier du compromis introduit par M. de Huene. Cinq minutes après, M. de Caprivi, au nom de l’empereur, déclarait l’assemblée dissoute. Le président levait aussitôt la séance sur ces quelques paroles d’adieu : « Maintenant, messieurs, que l’empereur qui nous a appelés, qui nous renvoie et que nous devons servir avec notre corps et notre âme, à la vie, à la mort, que l’empereur vive ! » Avec les habitudes de discipline, l’instinct militaire hérité, l’obéissance passée dans le sang qui sont le propre du Prussien, même socialiste, et que l’Allemagne, depuis vingt ans, a peu à peu empruntées à la Prusse, les députés ont applaudi d’un seul mouvement ce petit discours du saint homme Job et se sont écriés d’une seule voix : « Qu’il vive ! — Le Seigneur nous a tout donné, le Seigneur nous a tout ôté. Que le nom du Seigneur soit béni ! »

À la vérité, le Seigneur, l’empereur Guillaume II n’a jamais montré pour le parlement grande tendresse ; ni pour le parlement en général, ni pour celui-là en particulier : « Il n’y a, dans le pays, qu’un seul maître, avait-il dit, à Dusseldorf ; je n’en souffrirai pas d’autre à côté de moi. » Le Reichstag qui vient de disparaître était à peine en fonctions que Guillaume II le jugeait sévèrement, s’il faut en croire les Nouvelles de Hambourg, journal officieux de M. de Bismarck :