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et de France, seigneurs ecclésiastiques ou laïques : jusqu’en 1602, la grande saline est régie pour le compte du souverain par des officiers de divers ordres qui s’occupent des muires, de l’amas et du paiement du bois pour les cuire, de la formation du sel, de sa distribution, de la justice sur tous les employés de l’établissement ; à partir de 1602, on loue les salines à prix d’argent. Entre 1600 et 1657, les rois d’Espagne achètent la petite saline ou puits à muire qui appartenait à un certain nombre de seigneurs ecclésiastiques et laïques ; ils s’en partageaient l’exploitation et les produits, avaient chaque année une assemblée générale appelée répond, un conseil permanent, avec un secrétaire, un prévôt surintendant. La fourniture du sel fit l’objet de plusieurs traités entre les souverains de Bourgogne et les cantons suisses. Tous les bois voisins sont affectés au service des salines, et, en 1858, on consommait environ 11,800 cordes de bois pour obtenir 158,000 quintaux de sel. Salins peut produire aujourd’hui 7,000 tonnes et Montmorot 35,000. Quant au prix de la tonne, il oscille entre 28 fr. 50 et 31 fr. 10, plus 100 francs de droits pour l’Etat ; le prix marchand de 100 kilos est donc 10 francs pour l’État, 2 fr. 85 à 3 fr. 11 pour l’usine[1].

L’établissement de Gouhenans, qui date de 1828, est devenu assez vite la seconde saline de France par son importance et la qualité du sel qu’il livre au commerce : il eut son heure de célébrité exotique, grâce au procès Teste et Cubières. L’exploitation d’un gîte houiller avait amené la découverte d’un banc de sel gemme qui, mis en contact avec l’eau de source, lui communiquait un degré de salure fort élevé. Plus tard on annexa à la saline une fabrique de produits chimiques, acide sulfurique, sulfate de soude, acide chlorhydrique, acide nitrique, chlorure de chaux, sel de Glauber. Ateliers de manipulation, magasins d’approvisionnemens et de produits fabriqués, logemens d’employés et d’ouvriers, jardins, couvrent une superficie d’environ sept hectares ; une des cheminées, qui mesure 66m,66, a un peu la forme de la colonne Trajane ; la ligne de Lure à Loulans, que l’on construit, permettra d’augmenter la production et la vente. En 1892, on a obtenu : 9,600 tonnes de houille, mais grâce à un nouveau puits, on espère arriver à 40,000 ; 86,400 quintaux de sel raffiné qui, là comme dans les autres salines de la région, est exploité par dissolution ; un sondage pénètre jusqu’à la couche de sel gemme, l’eau saturée, élevée au moyen d’une pompe, s’évapore dans de grandes chaudières, et il ne reste qu’à recueillir le sel. Le rendement pécuniaire peut se chiffrer ainsi : houille, 120,000 francs ; sel (droit de 10 francs

  1. D’autres salines ont été créées depuis 1874 à Miserey, Châtillon-le-Duc, Montferrand.