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AUTOUR D’UNE TIARE

II.[1]
HEURES ENFANTINES. — CANOSSA.


IV. — HEURES ENFANTINES.

Victorien, levé avant le jour, s’informa du moment et du lieu où le pape devait accueillir Pia, c’était dans l’église même de Saint-Sauveur, un quart d’heure avant la séance du concile. Ce jour-là, Joachim se décida à prendre rang, pour la première fois, parmi les pères, et fit asseoir à ses pieds son pupille, en qualité de caudataire, nouveauté qui parut audacieuse à quelques évêques rigides en matière de cérémonial.

— Ce jeune homme n’est point un clerc, lui dit, d’un ton rogue, l’évêque d’Orvieto, Juvénal, un pasteur terrible, qui venait de chasser de son diocèse tous les misérables suspects d’hérésie manichéenne, y compris les femmes et les enfans à la mamelle.

L’évêque d’Assise allait répondre vivement à son confrère, quand un bourdonnement courut sur toute l’assemblée. Par la porte des nefs entrait la nièce du saint-père, suivie de sa petite cour monastique et, par la sacristie, le pape s’avançait, accompagné du sacré-collège. Grégoire monta sur le trône, devant l’autel ; en face de lui, à quelques pas de distance, Pia s’était arrêtée.

Le pape tendit vers l’enfant sa main droite où brillait l’anneau

  1. Voyez la Revue du 15 septembre.