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nombre des services accessoires tels que machines élévatoires, calorifères, dynamos, ascenseurs, réservoirs. En général, c’est dans les plus hautes maisons que les prix de location sont le plus élevés parce que ce sont les dernières construites et que l’on y a accumulé tous les élémens du confort, de la décoration intérieure, et tous les perfectionnemens de la machinerie.

Un grand nombre d’hôtels meublés ont été bâtis suivant ce système dans les grandes villes du littoral comme dans les villes principales de l’intérieur. A Chicago, la spéculation n’a pas négligé de tirer un parti avantageux de la situation. Bien que la plupart de ces « maisons hautes » ne dépassent guère treize étages sur rez-de-chaussée, elles ne laissent pas de procurer à leurs habitués les charmes d’une vue étendue sur le lac près duquel les architectes ont eu soin de les placer. Dans nos hôtels du vieux monde, les salles à manger sont situées au rez-de-chaussée ; là on les a mises sous les toits, et l’on a résumé en elles toutes les splendeurs et toutes les commodités possibles. De la table à laquelle on est assis on jouit d’un panorama immense. Plusieurs de ces hôtels, qui contiennent jusqu’à sept, cents ou huit cents chambres, sont desservis par deux ou quatre ascenseurs. Ils sont ordinairement installés par groupes de deux, trois, quatre ou six. Dans les grandes bâtisses de Chicago, on en compte dix-sept à l’Ashland-blok, dix-huit au Masonic Temple, et l’on ne s’arrêtera pas là. On estime que dans cette dernière maison, qui est un assemblage de logis pour les francs-maçons et de bureaux pour toutes sortes de sociétés et d’affaires, on peut faire circuler du haut en bas quarante mille personnes par jour. Il est vrai que le Masonic Temple a dix-neuf étages. Ce n’est pas un temple, c’est une fourmilière. La maison haute de la « chambre de commerce » contient cinq cents bureaux ; le Tacoma building un nombre égal ; il s’élève à six cents dans le Rookery, dans le Venetian buildings, et ces quatre bâtisses sont déjà anciennes ; elles n’ont que dix et treize étages.

A New-York, les grands journaux se sont piqués d’honneur. C’est à qui aura la tour la plus liante. Ce sont bien des tours, en effet, car elles n’ont en alignement sur rue que les sept mètres cinquante des lots traditionnels, et on les appelle tower-building quand elles ne sont pas affectées aux services d’un journal. Ces édifices, qui figurent une tour sur la voie publique, s’allongent derrière sur toute l’étendue du terrain ; il n’y a pas un centimètre de perdu : leur aspect sur les élévations latérales est celui d’une « maison haute ». Le journal le Sun n’a pas encore fait construire sa tour, mais soyez assuré qu’il se rapprochera le plus possible de l’astre du jour, son patron. Ses plans sont dessinés,