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Darjiling, qui, s’élevant de la plaine jusqu’à une altitude de 8 000 pieds, est un miracle de hardiesse et de bon marché.


Après la magistrature et les Travaux publics, on pourrait, du même point de vue, étudier les autres services : l’Instruction, les Forets, les Douanes, l’Hygiène, etc. Cela nous entraînerait trop loin. Pour tous, noire thèse serait identique. Le meilleur fonctionnaire de la métropole débutera presque fatalement aux colonies par rendre de médiocres services. Le ministre des Colonies ne peut donc pas, les yeux fermés, l’accepter de la main de ses collègues. Il doit, j’y insiste encore, choisir lui-même ses agens ; ce qui signifie les faire choisir par des personnes compétentes. Et s’il entrait dans cette voie, je ne crois pas qu’il put faire mieux que d’apporter des perfectionnemens à l’Ecole coloniale et, en outre, d’instituer, à l’exemple de l’Angleterre, un corps permanent de « commissaires du service des colonies », qui seraient chargés, dans des conditions à déterminer, de recruter, au moyen de concours publics, les fonctionnaires coloniaux de tous ordres.

On peut affirmer que ce procédé laisserait loin derrière lui le procédé des « rattachemens ».


III. — L’ARMEE COLONIALE.

Il est cependant un rattachement contre lequel je n’oserais pas, au moins à l’heure actuelle, m’élever aussi nettement : c’est le rattachement de l’armée coloniale à l’un des ministères de qui dépendent déjà d’autres troupes, au ministère de la Guerre ou au ministère de la Marine, de préférence au ministère de la Marine, pour ne pas trop multiplier les frottemens. Ce rattachement, on ne peut guère le critiquer tant que l’armée coloniale restera ce qu’elle est ; on le pourrait, le jour où, nos colonies étant tout à fait pacifiées ou dans un état voisin de la pacification, l’armée coloniale par cela même aurait enfin le rôle et la composition qu’elle doit avoir.

À cette heure, nous n’avons pas d’armée coloniale, ou nous n’en avons que sur le papier. Nous possédons bien un certain nombre de régimens indigènes, formés dans les colonies où ils doivent opérer et commandés principalement par des officiers français. Mais, ni par l’importance ni par la mobilité, cela ne constitue une armée : ce qui le prouve mieux que tous les raisonnemens, c’est que quand une expédition coloniale exige seulement quelques milliers d’hommes, nous devons les emprunter à la Guerre ou à la Marine.