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et de la dépréciation du métal argent pendant la même période. La cause principale de l’avilissement des prix sera toujours à chercher dans les faits généraux de civilisation et dans une des conséquences primordiales de ces faits, la surproduction. Une autre non moins importante se (trouve dans les applications nouvelles de la science à l’industrie, qui diminuent brusquement de moitié ou des trois quarts le coût de certains procédés de fabrication ou d’extraction et suffisent seules à expliquer la réduction de valeur de produits comme l’acier, l’aluminium, le nitrate.

Il est bon de remarquer que, dans la période de vingt-cinq années de dépréciation qui a commencé en 1870, il faut distinguer des périodes d’avilissement continu et d’autres de reprise temporaire : la baisse ayant duré de 1873 à 1879, un relèvement s’est produit de 1880 à 1882 ; la dépréciation a recommencé de 1883 à 1888 ; une amélioration a eu lieu de 1888 à 1891. Enfin depuis 1891 la dépression suit de nouveau son cours en dépit de tous les efforts du protectionnisme.


VIII

Les prix n’ont pas plus baissé dans l’agriculture que dans les autres industries, mais la dépréciation y est peut-être plus sensible à cause de l’énormité du capital engagé et du peu de marge qu’elle laisse au bénéfice. La cédule B (revenu de la terre) de l’income-tax britannique était évaluée, en 1842, à 42 342 000 liv. st. Cinquante années plus tard, en 1892, cette évaluation, loin de présenter une augmentation, avait fléchi légèrement, et n’était plus que de 41 682 000 livres, malgré la dépense considérable de capital que l’agriculture avait faite pendant ce demi-siècle, et alors que l’évaluation pour la propriété bâtie avait été portée de 35 à 120 millions de livres. Convient-il d’attribuer ces résultats, si nettement fâcheux pour l’agriculture, au régime économique et commercial que s’est donné l’Angleterre et qu’elle maintient obstinément ? M. C. François, dans une étude fort intéressante : Trente années de libre-échange en Angleterre, le conteste : « Une diminution importante dans les surfaces consacrées à la culture du blé, compensée en partie par une augmentation des pâturages, indique que la situation de l’agriculture est moins prospère. Tout cela fût-il même imputable au libre-échange, que les avantages qui en ont résulté d’autre part auraient rendu encore ce régime favorable à l’Angleterre ; mais, même pour l’agriculture et malgré la concurrence toujours plus sérieuse des États-Unis, de l’Inde de