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anecdotes enregistrées sur les Longfellowh les Lowell, les Whittier, les Bancroft, les Prescott, les Channing, les Théodore Parker, etc., que du soin pieux qui marque d’un buste ou d’une inscription les points de la ville où sont nés Franklin, Daniel Webster, Charles Sumner. La présence des morts illustres auxquels est dédié un culte intime et constant contribue au caractère quelque peu solennel de Boston. Ils semblent, ces grands défunts, être plus vivans encore, pour ainsi dire, que les vivans eux-mêmes ; ceux-ci les évoquent, les citent, les commentent à tout propos ; de même parmi les ormes séculaires du beau parc communal, la position occupée jusqu’en 1876 par le plus vieux de tous, the Old elm, antérieur à la fondation de la ville, vous est religieusement indiquée ; son ombre reste debout.

Si le Massachusetts et Boston en particulier sont justement fiers des hommes qu’ils ont produits, ils ne s’honorent pas moins d’avoir vu naître un groupe de femmes dont il serait difficile de trouver ailleurs l’équivalent. Dès l’époque coloniale on relève des noms qui restent entourés d’une auréole de courage, de vertu, de dévouement à la nouvelle patrie. Anne Hutchinson rompit une des premières avec les autorités établies, bien que ce ne fût que sur le terrain de la discussion religieuse. Les femmes des Adams, des Knox, des Hancock, aidèrent par leur énergie, leurs sacrifices personnels, à l’établissement de l’indépendance ; et je ne sais si l’une des plus héroïques n’est pas cette Mrs Cushing qui, au temps de la déclaration des droits, se serait, elle et toutes ses amies, vêtue de peaux de bêtes plutôt que d’acheter des marchandises anglaises. Deborah Samson, qui servit dans les rangs-de l’armée révolutionnaire, était encore native du Massachusetts. La protestation publique contre l’esclavage ne fut nulle part aussi éloquente que dans la bouche des femmes de Boston : Lydia Maria Child lutta côte à côte avec ces champions de la liberté, Garrison et Wendell Phillips ; Maria W. Chapman prêta au bon combat le prestige de sa force d’Ame et de sa beauté. Pendant la guerre entre le Nord et le Sud, les femmes rivalisèrent partout de dévouement, mais l’Association des Dames auxiliaires de la Nouvelle-Angleterre fournit plus de 314 000 dollars, argent et provisions, aux soldats du Nord. Mrs Livermore, — dont le nom est bien connu comme présidente du premier congrès que tint l’Association pour l’avancement des femmes, — organisa dès lors la première de ces ventes (sanitary fairs) qui produisirent de si fructueux résultats. Son double don de parler et d’écrire, sa prodigieuse activité, furent tout le temps de la guerre au service de l’Union. Clara Barton, chef du mouvement de la Croix-Rouge ; Susan B. Anthony