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fixé à vingt-six ans l’âge auquel tout étudiant en médecine doit être docteur ou interne des hôpitaux, sous peine de reprendre pour deux ans le sac et le fusil. Beaucoup redoutent déjà, avec le régime actuel, la fatale limite. Que sera-ce le jour où, entre le lycée et la faculté de médecine, s’intercalera une année obligatoire pour tous à la faculté des sciences ? »

Il semble bien, en effet, au premier abord, que le nouveau régime accroisse la durée des études. En fin de compte, il n’en est rien. Raisonnons d’abord d’une façon purement théorique, d’après la lettre des règlemens. Le régime de 1878 exige de l’étudiant en médecine, en dehors du baccalauréat classique, le baccalauréat ès sciences restreint. Un tiers environ des aspirans obtient ce dernier grade au sortir de la classe de philosophie, soit à la session de juillet, soit à celle de novembre. Le reste ne parvient à le gagner qu’au mois de juillet ou de novembre suivant. Les premiers peuvent entrer, droit au sortir du lycée, à la faculté de médecine ; les autres sont forcés de faire, on ne sait où, un stage d’une année au moins. Une fois inscrits à la faculté, les uns et les autres sont astreints à quatre années de scolarité. J’admets pour les besoins du raisonnement, et l’on va voir bientôt qu’en fait il est loin d’en être ainsi, qu’en ces quatre années de scolarité, ils réussissent, les uns et les autres, à achever leurs études médicales. Au cours de ces quatre ans, ils subissent deux examens seulement, celui des sciences accessoires, et celui d’anatomie et de physiologie. Tous les autres ne peuvent être subis qu’après la scolarité, soit un an au minimum. Le nouveau régime supprime le baccalauréat ès sciences restreint ; il décide que trois examens et non plus deux seulement seront subis désormais au cours de la scolarité. Il en résulte que pour les étudians qui sortaient de philosophie, bacheliers ès sciences restreints, la durée des études se trouve augmentée de six mois, et que pour les autres, qui sont le plus grand nombre, elle se trouve diminuée d’autant.

Mais il est clair que c’est là une conclusion purement théorique. En fait la durée des études est diminuée pour les uns, et elle n’est augmentée pour personne. De ce paradoxe apparent, la preuve est des plus simples. Réglementairement, depuis l’an XI, la durée de la scolarité médicale a été fixée à quatre ans. Mais d’une façon constante, la durée des études a été supérieure. N’y eût-il que l’obligation de subir tout ou partie des examens après la scolarité, que de ce fait seul, quatre ans seraient insuffisans pour devenir docteur en médecine. Mais à cette obligation réglementaire s’ajoutent en fait de tout autres obligations, celles qui résultent de l’importance et de la variété des études. A aucune