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LA MORT DU MOINE


Les reins liés au tronc d’un hêtre séculaire
Par les lambeaux tordus de l’épais scapulaire,
Le Moine était debout, tête et pieds nus, les yeux
Grands ouverts, entouré d’hommes silencieux,
Kathares de Toulouse et d’Albi, vieux et jeunes.
En haillons, desséchés de fatigue et de jeûnes,
Horde errante, troupeau de fauves aux abois
Que la meute pourchasse et traque au fond des bois.
Et tous le regardaient fixement. C’était l’heure
Où le soleil, des bords de l’horizon, effleure.
Par jets de pourpre sombre et par éclats soudains.
Les monts dont la nuit proche assiège les gradins ;
Et la tête du Moine immobile, hantée
D’yeux caves, semblait morte et comme ensanglantée.



Or, le chef des Parfaits fit un pas, et tendit
Le bras vers le captif, et voici ce qu’il dit :