Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 127.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES DEBUTS DU MINISTERE DE HARDENBERG
ET LA
REFORME FINANCIERE (1810-1811)

Hardenberg avait repris le 4 juin 1810, et pour la conserver jusqu’à la fin de sa vie, la direction de la politique prussienne[1].

C’était une fois de plus la dictature d’un homme supérieur, la dictature d’un premier ministre tout-puissant qui s’imposait à la Prusse et à Frédéric-Guillaume III. C’était la troisième fois qu’elle cherchait ce refuge contre l’anarchie gouvernementale. Une première fois, entre Iéna et Tilsit, Hardenberg avait pris en mains la direction de ses affaires extérieures. Une seconde fois, après Tilsit, Stein avait guidé de sa main puissante l’œuvre des réformes intérieures. Maintenant Hardenberg organisait une nouvelle dictature. Son action principale portait sur l’intérieur et les finances ; mais son influence s’étendait de là sur les autres branches de l’administration, où il avait eu le soin et le tort de ne placer que des instrumens subalternes[2].

Mais, s’il tenait à demeurer maître absolu de l’administration dont il était le chef nominal, il avait en même temps l’esprit trop ouvert et trop politique, le goût trop porté vers le contact et le maniement des hommes, pour négliger de se tenir en relations avec les administrateurs éminens dont il n’avait pas voulu pour collaborateurs immédiats, et qu’il avait écartés. Il en résulta, durant les premiers mois de l’administration de Hardenberg, un échange de vues entre lui, d’une part, et Niebuhr, Schön et Stein, de l’autre, où apparaissent à la fois les tendances de la politique

  1. Voyez la Revue du 1er mars 1891.
  2. Treitschke, Deutsche Geschichte im neunzehnten Jahrhundert, I, p. 368.