Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 129.djvu/880

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

échauffés, qui au même chaud ou au même froid feront correspondre le même nombre.

Pour que deux thermomètres construits suivant les règles tracées par Réaumur, soient rigoureusement comparables, il faut qu’ils soient formés du même verre et remplis avec le même liquide ; que le verre dont ils sont formés n’ait pas exactement, en tous deux, la même composition et le même degré de trempe ; que l’alcool qui les remplit n’ait pas, en tous deux, exactement la même concentration, et les indications de ces deux instrumens ne concorderont plus ; l’esprit-de-vin de l’un aura une dilatation apparente plus grande que l’esprit-de-vin de l’autre ; si on les place tous deux dans des conditions identiques, au sein d’un corps également échauffé en tous ses points, le premier marquera un degré plus élevé que le second.

Pour atténuer ces écarts, il est naturel d’astreindre tous les thermomètres, de quelque matière qu’ils soient constitués, adonner les mêmes indications pour deux températures fixes. On marquera, sur la tige du thermomètre, les deux points où affleure le liquide lorsque l’instrument est porté à la plus basse de ces deux températures, puis lorsqu’il est porté à la plus haute ; on divisera l’intervalle que ces deux points marquent sur la tige en un certain nombre de tronçons ayant même volume intérieur, et on prolongera cette division au delà des points fixes ; en de tels thermomètres, le liquide affleurera sensiblement au même trait pour un égal degré de chaleur, malgré les légères variations]qui peuvent survenir dans la nature du verre et du liquide.

Restent à choisir les deux températures fixes qui déterminent l’échelle thermométrique employée ; ce choix fit longtemps hésiter les physiciens. En 1688, Dalencé prenait comme températures fixes d’une part celle d’un mélange d’eau et de glace, d’autre part celle qui détermine la fusion du beurre. En 1694, Renaldini recommandait de déterminer les deux points fixes du thermomètre l’un au moyen d’un mélange d’eau et de glace, l’autre au moyen de l’eau bouillante ; mais son procédé n’aurait pu s’appliquer aux thermomètres à esprit-de-vin seuls usités à cette époque ; à la température de l’eau bouillante, la vapeur d’alcool a une tension telle qu’elle fait éclater les réservoirs des thermomètres ; la méthode de Renaldini ne devint pratique qu’après que Musschenbrœck eut répandu l’usage du thermomètre à mercure. En 1720, Delisle choisissait, pour graduer son thermomètre, la température de l’eau glacée et la température presque invariable des caves de l’Observatoire de Paris.

Vers 1714, un habile constructeur de Dantzig, Daniel-Gabriel