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Ils seront réunis dans le 4e bastion qui sera désigné désormais sous le nom de « bastion d’Angoulême ».

ART. 9. — Arrivé au bastion d’Angoulême, le commandant de l’expédition passera la revue des troupes. Après la revue et au moment où le commandant l’ordonnera, le pavillon sera hissé et salué de sept cris de : « Vive le Roi ! » Les troupes présenteront les armes, les tambours battront au drapeau, les bâtimens de la division et le fort feront un salut de 21 coups de canon[1].


Lorsque, la revue terminée, au signal donné, le pavillon du roi apparut sur l’azur du ciel et fit flotter dans l’air pur sa lumineuse blancheur, quand les acclamations des soldats se furent tues et que le canon du fort et de la division fit silence, le commandant Gourbeyre adressa aux troupes rangées devant lui les paroles suivantes : « Officiers, sous-officiers, marins et soldats de l’expédition, le roi a ordonné l’occupation de Tintingue ; sa volonté est accomplie. Déjà vos rapides travaux nous en assurent la possession, votre valeur en garantira cette possession à la France. Aujourd’hui vous êtes appelés à l’honneur d’arborer le pavillon français sur cette terre dont les habitans s’enorgueillissent comme vous d’être les sujets du grand roi de France. Aujourd’hui vous ouvrez aux malheureux Malgaches un asile inaccessible à leurs oppresseurs. Soldats, la faiblesse et le malheur trouveront toujours en vous un généreux appui. Vous n’oublierez jamais que le pavillon de France protège toutes les infortunes… Soldats, ce pavillon élevé par vos mains sur la plage de Tintingue y sera maintenu par votre courage ; que son aspect vous rappelle sans cesse vos devoirs : vous serez toujours fidèles au roi et à l’honneur, vous conserverez toujours à la France le territoire dont vous venez de lui rendre la possession, vous conserverez dans tout son éclat ce drapeau confié à votre valeur et vous saurez mourir pour le défendre[2] ! »

Bien que la guerre ne fût pas encore officiellement déclarée, déjà le commandant Gourbeyre la considérait comme inévitable. Il semblait persuadé que le poste de Tintingue qu’il venait d’établir aurait à supporter les premières attaques de l’ennemi et que les troupes qu’il laissait pour le défendre allaient avoir à tirer les premiers coups de feu de la campagne. Les Hovas en effet ne demeuraient pas inactifs. A notre établissement à Tintingue ils avaient répondu par la construction d’un ouvrage fortifié eu un endroit de la côte fort voisin, la Pointe-à-Larrée, qui, par sa position même, semblait établi pour menacer les communications

  1. Ordre du jour du 17 septembre joint à la dépêche du 1er octobre 1820.
  2. Ordre du jour joint à la dépêche du 1er octobre 1829 (Archives coloniales).