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de mes projets. Je trouvai la garnison dans les meilleures dispositions. Tous les soldats brûlaient du désir de venger la mort de leurs camarades.

« Le 1er novembre, je nommai le capitaine d’artillerie Gailly commandant par intérim de nos établissemens à Madagascar, et M. Carayon, capitaine d’artillerie, commandant particulier à Sainte-Marie. Je crus utile d’assurer ainsi le service au moment de poursuivre les hostilités. Le même jour je réunis à bord un conseil de guerre où furent appelés tous les capitaines de la division navale, les capitaines Gailly et Carayon, le capitaine d’Espagne, du 16e léger, et tous les officiers de terre et de mer qui avaient marché à l’a flaire de Foulepointe. La majorité de ce conseil, entrant dans mes vues, se décida pour l’attaque[1]. »

En conséquence de cette résolution, le commandant Gourbeyre, après avoir prélevé sur la garnison de Tintingue un renfort de 50 hommes d’artillerie et de 20 Yolofs, se présenta le 3 novembre à la Pointe-à-Larrée et embossa ses bâtimens devant le fort hova.

« Le lendemain au lever du jour, les batteries de la division commencèrent à tirer sur le fort ; mais les murs, formés de sable jeté entre deux forts palissademens, n’en furent presque pas endommagés. Les troupes de débarquement furent mises à terre et marchèrent à l’ennemi sur deux colonnes, la première de 200 hommes sous les ordres de M. Baudson, lieutenant au 1er régiment d’artillerie à pied, la seconde sous ceux de M. le sous-lieutenant Pasquet de Larevenchère ; M. d’Espagne, capitaine au 16e léger, commandait en chef le débarquement. L’ennemi opposa comme à Foulepointe la plus vigoureuse résistance, se faisant tuer à coups de baïonnette plutôt que de lâcher prise. Il céda enfin à l’impétuosité des deux colonnes après un combat opiniâtre et le fort tomba en notre pouvoir. Ce succès nous coûta quelques soldats. Notre brave camarade Baudson, qui en chargeant avec intrépidité à la tête de sa colonne était tombé frappé de trois coups de sagaie dans la poitrine, fut longtemps en danger. 119 Hovas furent tués ; 27 prisonniers, 8 pièces de canon, 700 livres de poudre, plusieurs fusils, des sagaies et un troupeau de 250 bœufs tombèrent en notre pouvoir[2]. »

Tel fut le résultat de ce combat qui pour les troupes était une véritable réparation d’honneur après l’échec de Foulepointe. Ce succès nous arrivait justement le 3 novembre, veille de la Saint-Charles, tête du roi, et le commandant Gourbeyre ne

  1. Dépêche du 8 novembre 1829 (Archives coloniales).
  2. Journal de l’Armée, année 1834. Récit du lieutenant Pasquet de Larevenchère.