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comme ceux du Bas-Empire romain, fuir pour y échapper. Les corvées étaient collectives. Les villages fournissaient et nourrissaient les hommes chargés de porter le riz dans les greniers de l’Etat. De même chaque province devait envoyer un certain nombre d’ouvriers employés soit à la construction ou à l’entretien du palais, soit à la culture des rizières impériales, des chevaux, des hommes d’armes et des servantes, — que les règlemens recommandent de choisir jeunes et jolies.

Les monnaies métalliques étaient encore peu employées. Les premières étaient venues du continent. En 708, le gouvernement japonais en fit frapper d’autres dans le pays. Mais il ne réussit pas à en répandre l’usage : les paiemens continuèrent à se faire en riz. Lui-même payait ses fonctionnaires avec cette denrée.

Les textes font mention d’une noblesse; mais ils négligent de nous éclairer sur son origine, son organisation et ses privilèges. Probablement elle se composait de toutes les personnes issues de la famille impériale, des grands fonctionnaires et des hommes les plus riches.

Le clergé bouddhiste formait un corps assez puissant pour que le gouvernement craignît d’appliquer à un bonze les peines de droit commun. Ses chefs étaient tous des savans. Beaucoup approchaient le trône de trop près pour ne pas empiéter quelque peu sur les pouvoirs politiques. On voit poindre, dans les décrets du VIIIe siècle, la crainte de cette influence et le désir de la diminuer.

La majorité de la population se composait d’agriculteurs. C’est à peine si, dans les textes, il est parlé des industriels et des commerçans. Les empereurs encourageaient les défrichemens par des distinctions honorifiques, des exemptions de taxes ou des concessions de terres. De plus, ils défendaient aux nobles de consacrer à la chasse au delà d’une étendue déterminée de territoire. Les gouverneurs avaient ordre de s’enquérir des besoins de l’agriculture et de dresser des rapports périodiques sur les inondations et la destruction des insectes nuisibles. Cette sollicitude se conçoit d’autant mieux que c’était l’agriculture qui, dans la somme des contributions, formait les gros chiffres. Par suite de l’importance capitale des rizières, la distribution de l’eau provoquait de sérieuses difficultés et de fréquens règlemens. Aussi la construction d’un canal d’irrigation était-elle récompensée comme un défrichement. Les Japonais inauguraient le système d’irrigations dans lequel ils devaient passer maîtres.

Le gouvernement entassait dans ses greniers d’énormes réserves de riz qu’il prêtait ou donnait dans les années de disette.