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blonds dominaient par l’influence ethnique et peut-être même par le nombre. C’était à peu près l’équivalent de ce que sont aujourd’hui la Grande-Bretagne et l’Allemagne prises dans leur ensemble, où les dolicho-blonds forment un peu plus de la moitié de la population totale.


II

Après avoir dégagé les trois élémens essentiels de la population dans l’ancienne France, il importe de marquer l’influence que devait exercer chacun d’eux sur le caractère de cette race qu’on accuse aujourd’hui d’être en voie de disparition.

On sait que les Celtes ont pour traits dominans la vivacité d’esprit, la mobilité d’humeur, l’enjouement, plus d’intelligence que de volonté énergique, une certaine docilité moutonnière et le goût de se laisser conduite par autrui. M. F. Galton leur attribue, en conséquence, l’esprit de troupeau, l’esprit « grégaire ». Mais il faut remarquer que cet esprit tient aussi à une qualité dominante de la race : sociabilité, sympathie rapide et contagion des sentimens, besoin de camaraderie et d’expansion vers autrui. Selon nous, cette qualité même résulte en partie de la conscience qu’ont les Celtes d’un certain manque natif d’énergie dans la volonté, qui semble leur caractéristique. Le Celte supplée d’ordinaire par la résistance passive à cette insuffisance de son activité volontaire ; c’est un doux entêté. En outre, ne se sentant pas très fort à lui tout seul, il a une instinctive tendance à chercher la force dans l’union, à s’appuyer sur autrui, à se sentir en communauté avec le groupe dont il fait partie. Par la même raison, il est de nature pacifique : plaies et bosses ne sont point de son goût. Il est prudent, prévoyant, ménager de lui-même et de ses biens. Pour l’intelligence, les Celtes valent les Germains et les Scandinaves, au moins en ce qui concerne les qualités proprement intellectuelles, non peut-être celles qui sont plutôt sous la dépendance des qualités volontaires. Par exemple, la faculté de comprendre et d’apprendre, le jugement, le raisonnement, la mémoire, l’imagination, tout cela semble aussi développé chez les Celtes à tête large que chez les Germains à tête longue. S’agit-il de la faculté d’attention, en grande partie volontaire, elle semble, en moyenne, moins énergique ou moins tenace. De même, ce qui exige de l’initiative et de l’audace à rompre les associations d’idées habituelles sera moins fréquent chez le Celte que chez l’homme du Nord ; il se lancera moins volontiers dans les hasards de l’inconnu, dans le péril des découvertes, non qu’il